Randonnée alpine T5 T6, vécu par un néophyte

Le 05.09.2023, par GillesA-a59, 2 commentaires


Mon atterrissage dans ce monde de l'alpinisme est chaotique. Nœud de chaise, broche à glace, etc etc.....sont des termes inconnus. Machard ?? c'est un picnic ? machon ? Ne dit on pas un boudar pour un baudrier....
Je respecte dans le détail cette liste d'objets demandés, et je remplis mon sac.
Nous sommes 7 au départ de Bonneval sur arc, ce samedi 12 août: Bruno, Christophe, Aurélie, Sébastien, Vincent, et Gilles, tous néophytes ou presque. Jean Luc, encadre l'équipe.
La montée au refuge du Carro 2760m. s'effectue sans encombre, néanmoins Sébastien doit renoncer pour un début de sciatique.

Dimanche, objectif la Levanna occidentale (3589 m), atteinte sans difficulté. Au retour, sur le glacier de derrière les lacs, premiers exercices : cramponnage, encordement, mouflage, réalisation et test d'un machard. Cette initiation au calme, va s'avérer bien utile.
Jour 3, passage au col du Carro 3122 m. La paroi côté italien est aérienne, mais bien équipée de câbles. Descente vers le Lac Serru pour ensuite remonter vers le refuge Savoïa 2534m.
Jour 4, ascension de la pointe Basei 3338 m. Les derniers mètres sont équipés de câbles.

Au retour, bifurcation sur le glacier Baseï pour une 2ème leçon. Pour nous montrer l'utilisation du piolet, Jean Luc, encordé à Vincent et Aurélie, se jette dans une pente glacée. Vincent est surpris et projeté au sol par le tirage. A son tour, Vincent glisse dans la pente, Aurélie, qui rend une trentaine de kilos à Vincent, est plaquée violemment au sol.
En tête de la deuxième cordée, je m'engage et je glisse involontairement, j'ai le réflexe de me coucher au sol et d'enfoncer la pointe du piolet dans la glace pour m'arrêter. La leçon est très réaliste, j'ai compris.

Jour 5, départ du Refuge Benevolo 2285m.
Ascension de la pointe de Basel 3440 m par le glacier de la Tsanteleina. La partie finale est en bloc. Nous devons redescendre de près de 400 mètres sur le même versant pour ensuite atteindre le col de Rhèmes à 3076 m. Pour rejoindre le refuge Prariond par le haut et donc éviter la longue descente du plan des cavales puis la remontée par les gorges du Malpasset, nous empruntons un passage connu de Vincent : remontée à un petit lac, et descente sur des pentes très raides, à ne pas faire par temps humide.
Jour 6, Départ du refuge Prariond 2324 m., direction le col des aiguilles rousses 3368 m. par le glacier des sources de l'Isère.
Au pied de la pente glacée, je ressens un peu d'appréhension, il commence à pleuvoir, je suis débutant et devant moi 400 mètres D+ de glace. Devant nous, 2 alpinistes déjà engagés dans la pente glacée semblent être stoppés dans la progression puis finalement renoncent en se dégageant sur un côté.
La partie finale (100 m.) en terre et schiste est très instable. La première cordée s'engage et réussit à passer. En tête de la deuxième cordée, je m'engage à mon tour, pas possible, je recule, le terrain se délite sous mes pieds. Nous recevons une douche de terre et de petits cailloux sur la tête et le sac, bien compris l'utilité du casque. Plus haut, Jean Luc a réussi à créer un point d'ancrage en enfonçant un piolet dans la terre. Il nous lance une corde et grâce à nos machards nous progressons en sécurité et la deuxième cordée réussit à passer. Nous débouchons sur la ligne de crêtes des aiguilles rousses pour atteindre la petite aiguille rousse et renonçons à la grande aiguille rousse à cause de la pluie et du vent qui redouble d'intensité. Nous rejoignons sans grande joie, le refuge du Carro, bien connu pour son fameux boulgui-boulgua. A défaut de nous alimenter, le boulgui-boulgua aura nourri nos discussions et nos éclats de rire tout au long du trek. L'ambiance est toujours restée bloquée sur beau fixe.

Jour 7, levé 4h00, direction les Evettes par les glaciers. Nous passons au col des Pariotes. Nous redescendons un peu pour contourner par l'ouest une paroi. Ascension pénible dans les blocs, nous atteignons le col de Trièves, pour déboucher sur le glacier du Mulinet. La traversée du glacier est grandiose, nous contournons des crevasses majestueuses. Je suis impressionné. Pause déjeuner au col du grand Méan 3214 m. Après plusieurs essais, nous réussissons à trouver la voie pour descendre, le long de la paroi côté ouest. Longue journée, 12 heures de marche, Les hardes de chamois juste avant le lac du grand méan nous accueillent, nous rejoignons le refuge des Evettes 2590m. La blanquette de volaille aux champignons sauvages, les gardiens bien cools, les pintes de bière, tout cela nous réconcilie avec les refuges français.

Jour 8, ascension de la pointe Francesetti 3425m. Nous repassons devant le lac glaciaire du grand méan, le spectacle du vêlage du glacier est captivant. La falaise de glace bleue contraste avec le vert tendre du lac. Des petits icebergs flottent sur la surface. Des troupeaux de chamois, des mères avec leur petit, nous accompagnent à distance. Des bouquetins très proches prennent la pose pour les photos. Le paysage est sublimissime.

Jour 9, nous rejoignons Bonneval, par le col et L'Ouille du midi 3042 m ambiance aérienne sous les séracs du glacier du vallonet.

Le trek se termine. L'ambiance dans le groupe était formidable. J'ai les zygomatiques courbaturés à force de rire. Merci à tous.
Un énorme merci spécial à Jean Luc. Il a préparé ce trek, c'est un gros travail. Il a su à la fois nous apprendre, nous sécuriser, être patient et écouter le groupe, mais aussi nous challenger et nous tirer tous vers le haut. J'ai beaucoup appris sur la montagne, et sur l'alpinisme.

Rédacteur: Gilles Arnaud


 

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