Risques d'avalanche
Le risque d'avalanche en général
Contrairement à ce qui existe pour le vent avec l'échelle Beaufort, le risque d'avalanche n'est pas un paramètre mesurable. Le déclenchement d'une avalanche est la conséquence de l'interaction de plusieurs paramètres comme l'état du manteau neigeux, l'épaisseur et la qualité de la neige fraîche, le vent, la température...
Or, le manteau neigeux n'est pas homogène. Une très grande variabilité spatiale et temporelle le caractérise : altitude, exposition, créneau horaire sont à prendre en compte dans l'évaluation de la stabilité et de la probabilité de déclenchements.
L'aspect topographique entre aussi en jeu dans la potentialité avalancheuse d'une pente : déclivité, rupture de pente, proximité de la crête, nature du sol...
Le problème se complique encore par le fait que certaines avalanches se déclenchent spontanément sous les seuls effets des conditions météorolgiques alors que d'autres ne se déclenchent que sous l'effet d'une surcharge comme le passage d'un skieur ou sous l'effet d'une charge explosive utilisée dans les déclenchements préventifs. Ainsi, dans certaines situations nivologiques, le risque de départ spontané d'avalanche peut-il être faible, alors que le rique de déclenchement accidentel au passage d'un ou plusieurs skieurs est au contraire très marqué.
Le risque d'avalanche traduit en fait un état d'instabilité du manteau neigeux. Il évolue au fil des jours, plus ou moins rapidement, en liaison directe avec les conditions météorologiques.
Cependant, si le risque d'avalanche ne peut être calculé, il peut être estimé objectivement à partir de l'analyse des mesures et des observations effectuées tous les jours sur et dans le manteau neigeux d'une part, et des prévisions météorologiques élaborées par les services de Météo France d'autre part.
Le bulletin du risque d'avalanche
L'information délivrée dans le bulletin du risque d'avalanche (BRA) de Météo France ne saurait décrire dans son intégralité la grande diversité du manteau neigeux. Les bulletins sont départementaux et s'attachent à donner les particularités les plus représentatives rencontrées dans les massifs de chaque département des Alpes, des Pyrénées et de la Corse.
Météo France travaille à l'échelle du massif, ce qui permet de fournir une information synthétique. Alpes, Pyrénées et Corse ont été découpées en une trentaine de massifs ou zones dont l'ordre de grandeur est de quelques centaines de km2.
En préparant une sortie en montagne, l'enseignement retiré d'un BRA dépend de l'expérience et de la connaissance du milieu montagnard que possède chaque utilisateur.
Sur le terrain, l'information extraite du BRA est toujours utile mais n'est pas suffisante. Les connaissances en nivologie et l'expérience de l'utilisateur vont jouer un rôle déterminant dans la faculté d'appréciation de la situation : les conditions observées sur le terrain sont-elles comparables à celles annoncées ? Comment adapter l'information globale contenue dans le bulletin aux particularités topographiques du site ?...
Echelle des risques
Echelle européenne des risques d'avalanche
Cette échelle est principalement destinée aux pratiquants de la montagne, tels que les skieurs hors-pistes ou de randonnée, surfeurs et autres amateurs de raquettes qui évoluent hors des pistes balisées et ouvertes.
Pour être facilement comprésensible par le plus large public, elle ne comporte qu'un nombre réduit d'indices dont les définitions limitent au mieux toute interprétation erronée.
L'échelle comporte 5 niveaux de risque présentés de manière croissante et précise le type de risque (avalanche ayant une cause naturelle ou accidentelle). Les indices de cette échelle ne font référence au risque de départ spontané qu'en terme d'éventualité. L'existence et le niveau de ce type de risque sont précisés dans le bulletin lui-même.
Le risque "0" est volontairement écarté en vertu du postulat selon lequel la pratique de la montagne comporte toujours un risque non nul.
Echelle européenne de risque d'avalanche à l'intention du public
pratiquant la montagne hors des pistes balisées et ouvertes.
Indice | Stabilité du manteau neigeux | Probabilité de déclenchement |
1.Faible |
Le manteau neigeux est bien stabilisé dans la plupart des pentes. |
Les déclenchements d'avalanches ne sont possibles que dans de très rares pentes raides (*), surtout par forte surcharge (***). Seules les coulées ou de petites avalanches peuvent se produire spontanément. |
2.Limité |
Dans quelques (**) pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément stabilisé. Ailleurs, il est bien stabilisé. |
Déclenchements d'avalanches possibles surtout par forte surcharge (***) et dans quelques pentes dont les caractéristiques sont généralement décrites dans le bulletin. Des départs spontanés d'avalanches de grande ampleur ne sont pas à attendre. |
3.Marqué |
Dans de nombreuses (**) pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément à faiblement stabilisé. |
Déclenchements d'avalanches possibles parfois même par faible surcharge et dans de nombreuses pentes dont les caractéristiques sont généralement décrites dans le bulletin. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont possibles. |
4.Fort |
Le manteau neigeux est faiblement stabilisé dans la plupart (**) des pentes suffisamment raides. |
Déclenchements d'avalanches possibles même par faible surcharge (***) dans la plupart des pentes suffisamment raides. Dans certaines situations, de nombreux départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois grosse, sont à attendre |
5.Très fort |
L'instabilité du manteau neigeux est généralisée. |
De nombreuses et grosses avalanches se produisant spontanément sont à attendre y compris en terrain peu raide. |
(*) Pentes particulièrement propices aux avalanches, en raison de leur déclivité, la configuration du terrain, la proximité de la crête...
(**) Les caractéristiques de ces pentes sont généralement précisées dans le bulletin : altitude, exposition, topographie...
(***) Surcharge indicative :
- forte, par exemple skieurs groupés...
- faible, par exemple skieur isolé, piéton..
Le terme "déclenchement" concerne les avalanches provoquées par une surcharge, notamment par le(s) skieur(s).
Le terme "départ spontané" concerne les avalanches qui se produisent sans action extérieure.
Indices
Le risque 1 (faible)
- Il exprime une stabilité d'ensemble du manteau neigeux satisfaisante. Seules de rares instabilités localisées peuvent être présentes dans des pentes raides particulièrement propices aux avalanches. Ce sont des pentes de forte déclivité situées principalement au voisinage des crêtes et des cols et dont le profil est favorable à des ruptures dans le manteau neigeux.
- Dans ces secteurs, le risque de déclenchement, peu marqué, n'est envisagé que sous l'effet de fortes surcharges.
- L'activité avalancheuse "naturelle" ne peut se manifester que sous forme de coulées ou de petites avalanches de faible extension.
Le risque 2 (limité)
- Il recouvre les cas d'instabilité peu marquée et localisée. A l'exception des secteurs dont l'exposition et l'altitude sont généralement précisées dans le bulletin, la stabilité du manteau neigeux est satisfaisante.
- Le risque de déclenchements ne concerne qu'un nombre réduit de pentes. Il n'est généralement à craindre que sous l'effet d'une forte surcharge, dont l'exemple le plus typique est celle imposée par des skieurs groupés.
- L'éventuelle activité avalancheuse spontanée reste également très limitée, tant dans le nombre que dans l'ampleur des évènements.
Le risque 3 (marqué)
- L'instabilité s'aggrave et s'étend à de nombreuses pentes dont les caractéristiques topographiques sont généralement indiquées dans le bulletin. L'instabilité est telle que de faibles surcharges, comme le passage d'un seul skieur, peuvent suffire à provoquer un déclenchement. Ce risque devient donc marqué.
- Pour ce qui concerne les départs spontanés, l'indice 3 décrit les situations nivologiques très différentes : ce risque peut varier entre les niveaux faible et marqué. La différenciation apparaît dans le bulletin.
- Dans les cas où une activité avalancheuse "naturelle" est prévue, celle-ci doit se traduire par un nombre restreint d'avalanches de moyenne importance. Seule une minorité d'entre elles peuvent prendre une assez grande extension.
Le risque 4 (fort)
- Il introduit la notion de généralisation d'une forte instabilité à la plupart des pentes, dont les caractéristiques peuvent être encore signalées dans le bulletin.
- Dans tous les secteurs concernés par cette instabilité, il existe une forte potentialité de déclenchement par faible surcharge (passage d'un seul skieur, par exemple).
- Si l'instabilité décrite par l'indice 4 est toujours forte et préoccupante pour les déclenchements provoqués, il n'en est pas de même pour les départs spontanés. En effet, le risque 4 décrit aussi des situations très différentes où ce risque peut varier entre les niveaux faible et fort. Les précisions sont donnés dans le bulletin.
- L'exemple typique de situation où les départs spontanés sont peu probables se rencontre au cours des hivers peu enneigés et froids : la faible épaisseur du manteau neigeux n'est pas favorable à ce type de risque alors que sa structure le rend particulièrement sensible aux surcharges imposées par les skieurs.
- Le bulletin peut donc mentionner un faible risque de départs spontanés ou aller jusqu'à annoncer une forte activité avalancheuse "naturelle", caractérisée par de nombreuses avalanches spontanées, dont quelques unes de grande ampleur.
Le risque 5 (très fort)
- Il caractérise les cas de très forte instabilité du manteau neigeux : épisodes neigeux importants, généralement ventés et provoquant un accroissement très rapide du manteau neigeux ou encore réchauffements brutaux accompagnés de pluie intéressant un manteau neigeux peu transformé.
- De nombreuses et grosses avalanches peuvent se produire et certaines d'entre elles peuvent affecter des zones à faible pente.
- Quelques une des situations couvertes par un risque 5 peuvent présenter un caractère de gravité plus affirmé. Dans ces situations, des avalanches de grande ampleur peuvent se déclencher et avoir de très graves conséquences, tant sur le plan humain que matériel. Certaines d'entre elles peuvent suivre des trajets inhabituels.
Définitions
Les coulées
Une coulée est un écoulement de neige de faible ampleur, aux conséquences généralement limitées, sauf configuration particulière du terrain.
Le type de déclenchement
Pour éviter toute confusion, le terme déclenchement est réservé aux déclenchements d'avalanches provoqués par le ou les skieurs ou toute autre pratiquant de la montagne.
Le terme départ est utilisé pour les avalanches qui se déclenchent spontanément sans intervention extérieure (passage d'un humain ou d'un animal, chute de pierre ou de corniche...).
Dans le bulletin, l'expression activité avalancheuse rend compte du nombre et de l'importance des avalanches spontanées.
Les pentes
Les pentes raides mentionnées dans le descriptif de l'indice (1) désignent les pentes particulièrement propices aux avalanches en raison de leur déclivité, de la configuration du terrain, de la proximité des crêtes...
Les pentes suffisamment raides désignent des pentes suffisamment raides pour que des avalanches puissent s'y produire, tout simplement ! La majorité des avalanches de plaques se produisent dans des pentes dont l'angle varie entre 30 et 45 degrés.
Les termes quelques pentes (2), nombreuses pentes (3), la plupart des pentes (4), traduisent l'extension de l'instabilité, d'abord localisée puis s'étendant à la majorité des pentes. Les caractéristiques de ces pentes sont généralement décrites dans le bulletin. Chaque fois que cela est possible, les expositions, les tranches d'altitude, les créneaux horaires sont précisés.
Les surcharges
C'est l'élément qui va jouer le rôle de détonateur dans le déclenchement. Une forte surcharge est typiquement celle exercée par des skieurs groupés, une faible surcharge comme étant celle exercée par un seul skieur ou toute personne se déplaçant à pied.
La notion de surcharge doit être considérée comme un indicateur relatif de stabilité. La surcharge exercée dépend de la façon de skier : skier "en douceur" ou "en force" peut ne pas avoir le même effet.
Elle doit être interprétée en termes statistiques : lorsqu'il est écrit que les déclenchements sont possibles surtout par forte surcharge (1 et 2), cela signifie que la majorité des avalanches sont à craindre par forte surcharge, sans exclure, dans certains cas isolés, la possibilité de ruptures de plaques par faible surcharge.
Les départs spontanés
L'expression dans certaines situations, qui apparaît dans la définition des indices 3 et 4, signifie que chacun de ces 2 indices décrit des situations nivologiques pouvant ou non donner lieu à des déclenchements spontanés d'avalanches. Cette possibilité est indiquée dans le bulletin.