Amis CAFistes, randonneurs, grimpeurs et VTTistes, cette petite mise au point est pour vous.
Compte-tenu du battage médiatique autour de la maladie de Lyme et de la fréquence des piqûres de tique à cette période de l'année, j'ai pensé qu'un petit article sur le sujet pouvait être utile. Je fais ici la synthèse de mon expérience personnelle de dermatologue et de randonneuse et de documents consensuels dont vous trouverez les références en fin d'article.
La borréliose de Lyme est une maladie vectorielle transmise par la tique. La tique est un insecte hématophage (qui se nourrit du sang de son hôte) vivant dans les zones boisées et humides et les herbes hautes, en dessous de 1500 m d'altitude.
Pour s'en protéger, il est conseillé de porter des vêtements couvrants, mais l'expérience montre que même en chemise à manches longues et pantalon, on peut se faire piquer à n'importe quel endroit du corps. La piqure est indolore.
Après une randonnée, il est conseillé de s'examiner soigneusement et d'enlever les tiques le plus rapidement possible (dans les 24-48 premières heures) si on en observe. L'idéal est d'utiliser un tire-tique que l'on trouve en pharmacie ou une pince à épiler à défaut, en appuyant bien sur la peau pour bien décoller la tique et en tirant fermement. Ne pas chercher à récupérer le rostre (la tête) s'il est resté à l'intérieur. Ensuite, pratiquer une simple désinfection avec un antiseptique classique et en profiter pour vérifier sa vaccination antitétanique !
Dans les jours qui suivent, apparait une inflammation locale, normale qui ne doit pas être confondue avec l'Erythème Migrant de la borréliose cutanée, qui lui n'apparait que dans les semaines qui suivent.
Une antibiothérapie systématique n'est pas utile car la plupart des tiques ne sont pas infectées et 95 % des piqures par tiques infectées donnent lieu à des séroconversions biologiques sans maladie déclarée. Il y a donc environ 5% de maladies actives après piqure de tique infectée. Je n'ai pas trouvé de chiffres sur le pourcentage estimé de tiques infectées en France, seulement un tableau sur l'incidence de la maladie suivant les régions.
On estime à 80% le nombre de maladies de Lyme actives qui débutent par des signes cutanés d'érythème migrant, il est donc très important de s'examiner dans les semaines qui suivent une piqure de tique. L'Erythème Migrant est souvent discret, vaste tâche qui va en s'étendant, avec un pourtour plus foncé ; Cf photo, c'est la lésion qui s'étend du haut du genou jusqu'à mi mollet.
Dans ce cas, il faut consulter son médecin traitant, qui mettra en route une antibiothérapie sur quelques semaines. Parfois l'Erythème Migrant s'accompagne d'une fièvre modérée (38°5)
Les sérologies ne sont pas utiles en cas d'Erythème Migrant évident. Il faut traiter !
Les sérologies utilisées en pratique courante ne sont pas fiables à 100% car il y a des faux négatifs et des faux positifs. On ne peut cependant pas dire qu'elles soient inutiles et doivent être considérées comme des aides au diagnostic lorsqu'on a des doutes à l'examen. Elles doivent être complétées par des tests plus pointus si l'on craint une forme plus évoluée.
Concernant les formes plus évoluées, apparaissant en général après l'Erythème Migrant, on retrouve des manifestations cutanées, articulaires, neurologiques, et plus rarement cardiaques et oculaires. Certaines peuvent être sévères.
Sur ce, je vous souhaite un bel été et de belles randonnées ;
Dominique SEGAULT
Ref : Document destiné aux professionnels de santé, SANTE PUBLIQUE France, actualisé en avril 2017
Borréliose de Lyme, démarches diagnostiques, thérapeutiques et préventives 16eme conférence de consensus en thérapeutique anti infectieuse.
