2ème week-end du cycle Perf Lagopèdes Alpins, en mobilité efficace : le Mont, la Roche et le très Grand
Le 11.02.2022, par LudivineR-559, 1 commentaire
Suite au succès du premier week-end, nous voilà partis pour une nouvelle aventure. Forts de notre première expérience en mobilité douce, nous retentons ce mode de transport pour accéder en montagne. Cette fois-ci, objectif massif du Thabor, avec nuits en refuge. À nous les espaces sauvages accessibles par la Maurienne. Le plan est d'enchaîner un train jusqu'à Chambéry, un car jusqu'à Saint-Michel de Maurienne et une navette jusqu'à Valmeinier. ETA 11h30 (Estimated Time of Adventure). Le rendez-vous est donné le vendredi à la gare de Lyon Part Dieu à 6 h 30. Le panneau d'affichage indique le train pour Chambéry, voie E. Je traverse la gare (le plus naturellement possible en chaussures de ski, avec les skis sur sac) et je monte sur le quai rejoindre le premier Lagopède présent, tout sourire. Peu après, une petite annonce : "nous vous informons que le train à destination de Chambéry, suite à une difficulté lors de la préparation du train en gare... [Je me dis "et mince, s'il a déjà du retard, ça va être tendu pour les correspondances"] .... est... supprimé." ... Arrrgl... L'ETA s’envole instantanément. Recherche rapide, le prochain enchaînement possible, c'est-à-dire TER/TGV/car/navette, nous ferait arriver à... 15 heures, si tout fonctionne bien ! Après consultation du groupe, nous décidons de nous rabattre sur une solution voiture... afin de pouvoir profiter un minimum de la journée sur des skis en montagne.
La mobilité douce, c'est rigolo... quand le premier train n'est pas purement et simplement supprimé 15 min avant le départ. Nous atteignons donc, de manière plus traditionnelle, la station de Valmeinier en voiture. Après s'être extirpés des nuages gris de fond de vallée, un grand ciel bleu nous accueille et nous démarrons notre randonnée skis aux pieds à 11 heures. Nous profitons pleinement des 8 heures avant la nuit pour apprendre à utiliser une boussole pour s'orienter en tirant des azimuts, observer la variété de la neige, repérer la vieille (vieux = plusieurs jours pour la neige) poudre pour le bonheur de la descente, faire une recherche multivictimes de DVA, monter au Grand Fourchon (enfin une antécime pour éviter de terminer la journée à la frontale) et atteindre le refuge de Terre Rouge.
Le deuxième jour, nous sommes très bien placés pour grimper au Mont Thabor. Dès le refuge, les cartes et boussoles sont de sortie pour identifier les sommets, le vallon à suivre... ou pas. Les cartographes choisiront un itinéraire alternatif, une trace plus sauvage que le simple fond de vallon. Cela permet de s'interroger régulièrement sur les options qui s'offrent à nous. La fin de l'itinéraire est plus évidente et nous amènera au sommet, moyennant un petit medley de chansons françaises pour donner du courage pour les derniers mètres dans les bourrasques de vent. Le panorama est toujours aussi grandiose, un véritable 360° sur la Vanoise, l'Italie, le Queyras, les Cerces, les Écrins, les Aiguilles d'Arves... A la descente, le relief accidenté, à nouveau, impose des prises de décisions très fréquentes car les choix sont légions et la visibilité sur la suite restreinte. Et LA trace optimale pour éviter de devoir remonter ET se faire le plus plaisir en ski, le tout en sécurité, est une recherche constante. Nous profitons du beau temps et du temps disponible pour faire un exercice de secours en avalanche en groupe (gérer 4 victimes dont 3 ensevelies)... et non, ce n'est parce qu'un enseveli n'a pas de DVA qu'il ne mérite pas d'être sauvé.. surtout s'il est au bout du bâton bien visible qui dépasse...
Le troisième jour, nous profitons des conditions super stables (il y en a même qui se plaignent de risques d'avalanche trop faciles à comprendre) pour progresser en technicité. Destination Roche Noire, avec sa pente terminale présentant un petit passage à 35 degrés. Les couteaux s'avèrent bien utiles. Les Lagopèdes, bien concentrés, apprécient l'adrénaline associée à cette pente un peu plus raide. Et le panorama est à nouveau à la hauteur de l'effort. Aussi riche que la veille, avec le Mont Blanc en bonus. Par contre, la crête étant trop ventée pour être parcourue agréablement, les crampons bien assemblés et réglés la veille au refuge (grâce aux conseils avisés et outils du gardien) resteront au fond du sac. Pour la descente, le manteau neigeux est certes bien stabilisé mais la neige est très changeante : en quelques mètres, on peut observer un beau catalogue de types de grain. Alors c'est très pédagogique pour comprendre la transformation de la neige mais c'est plus compliqué à skier.
A la recherche de la poudre cachée, nous démarrons un véritable jeu de piste à la descente : chercher les pentes froides, c'est-à-dire celles qui n'ont jamais trop eu l'occasion de voir le soleil en ce début d'hiver (ou alors éventuellement quelques rayons rasants) et surtout, bien à l'abri du vent... L'objectif étant également de revenir à notre point de départ. Après quelques virages dans de la neige bien travaillée, nous passons le col de Mont Froid juste en dessous du sommet, un nom plutôt prometteur... Mais les premiers virages sont plutôt le théâtre d'un beau spectacle acrobatique : la neige étant bien croûtée par le vent à proximité du col (mais avec une épaisseur variable donc traître et peu prévisible), notre ouvreur nous offre un magnifique virage planté suivi d'un rebond aérien. Un peu plus bas, une deuxième Lagopède tente son envol de la même manière.... et réussi un beau plongeon tête la première dans la neige... c'est froid, il paraît. Après une pause pique-nique face aux Écrins et aux Aiguilles d'Arves, nous parcourons le vallon de la Vache avec quelques virages doux et paisibles sur de petits tronçons. Nous effectuons une traversée pour atteindre le vallon voisin. Et là, sur les dernières pentes à skier avant l'arrivée, nous trouvons la descente parfaite : une vraie poudre 5 étoiles, non tracée, 3 semaines après les dernières chutes de neige. Inespéré. Notre ouvreur est à nouveau heureux, il conçoit "c'est soyeux".
Là, tout n'est qu'art et beauté, poudre, carres et légèreté...
En route vers le Mont Thabor
Pointe de Terre Rouge, Pic du Thabor et Mont Thabor
Ascension finale du Mont Thabor, avec vue sur les Ecrins
Les Lagopèdes au Mont Thabor
Exercice de secours en avalanche
Coucher de soleil sur nuage lenticulaire
En route vers Roche Noire, avec vue sur les Cerces et les Ecrins
Les Lagopèdes au sommet de Roche Noire
Descente dans la Combe de la Vache, face aux Aiguilles d'Arves
La poudre finale