Tout commence jeudi soir, pour un week-end de bénévolat à Averole. 6 cafistes montent de Lyon pour aider les gardien.nes à fermer le refuge gardé pour l'hiver.
Arrivée tardive au chalet de Bonneval. Petit topo sur les plans du lendemain, avec la crainte que la motivation tombe en même temps que la neige. Mais il n'en sera rien : le matin est blanc et froid, le café du village est fermé, la boulangerie a fini sa saison et ne propose plus que du pain, mais avec le ciel bleu arrive nos sablés à la confiture et nos cappuccinos. Après un petit atelier mécanique impromptu, le groupe attaque la montée vers l'Ecot, joli canyon sous le village officiel de Belle et Sébastien.
Montée au refuge, chargés comme des mules sur le Sentier des Chèvres. Nous sommes attendus par les 2 gardiens, Nori et Virginie, à leur table bien garnie.
Nous partons digérer chacun dans notre cabine de sanitaire à repeindre, tandis qu'un groupe roule dans la pente avec ses matelas. Le grenier se vide, les murs cloqués se lissent, une vingtaine de matelas s'amassent contre le camion, et l'heure de goûter revient déjà : 2eme round de digestion ! (car le gardien s'est découvert une passion pour la cuisine, et le groupe une passion pour ses cakes myrtilles-chocolat).
Une petite halte-garderie s'improvise en bas avec quelques agneaux tout frais tout chauds, gardés de loin par la chienne de berger Ortie (qui fusionne dans la soirée avec le poêle et Marion).
Après une montagne de pâtes bolo, nous nous préparons pour le dortoir. Fausse alerte secours : la lumière qui clignote en face n'est pas un message en morse, mais la batterie d'un enclos. Fausse frayeur, que nous compensons avec quelques histoires de fantômes dans le dortoir.
Le samedi, le ciel s'ouvre un peu, la vue se dégage, tout comme le grenier et les sanitaires qui sont de plus en plus libres et de moins en moins mauve-verdâtre.
Didier et Odile L. du CAF nous rejoignent à 11h30 pour manger, et nous partageons les tablées avec quelques randonneurs de passage, les derniers de la saison.
La fin de l'atelier sieste est sonnée par les pales de l'helico, qui décharge le bois et emporte les paquetages (avec bien moins de rebonds et bien plus d'efficacité que les nôtres, bien que nous ayons developper une nouvelle technique de transport : le compactage-roulage de big bag Big Mat, notre sponsor officiel de gros sacs aérodynamiques).
Après le spectacle aérien et ses 4 rotations, une chaîne s'organise pour rentrer le bois. L'équipe peinture réattaque sa 2eme couche et l'équipe Big Bag son énième parcours de Sysiphe.
Après une session de poussage/portage pour monter les vélos au refuge (rencontre d'Alex avec le VDM, sans être encore montée sur une selle), le camion part a la déchetterie. L'après-midi se termine par un petit atelier initiation pour Alex, qui a enfin le droit de monter sur une selle (qu'elle ne quittera plus d'ailleurs, au grand damne des encadrants...) et un deuxième (mais pas dernier) atelier crevaison. Pendant ce temps, l'équipe peinture pouvait admirer son oeuvre : des sanitaires blancs, brillants, et déjà briqués.
Fin d'après midi au soleil, entourés de montagne, de moutons, de bergers d'Anatolie aussi câlins qu'énormes, avant de se retrouver autour du poêle et des cacahuètes.
Une bonne soirée de convivialité, d'échanges et de partages pour en savoir plus sur la vie des refuges, des gardiens, des réalités de vie de ce milieu, de l'entraide et de la débrouille nécessaire. Les légendes locales et anecdotes de la vie des refuges inspireront Mika, qui avec son drap de sac et ses frontales rouge improvisera un "fantôme de l'ancienne gardienne du Carro" plus que réaliste pour faire peur a la nouvelle de l'Averole.
Dernier repas pour marquer la fermeture du refuge, avec une équipe de bénévoles devoués (autant qu'affamés) pour qu'aucun reste ne finissent a la poubelle.
Dernier matin, avec un ciel de plus en plus bleu, une fin de saison qui ressemble a un début de printemps. Nous suivons Nori au captage, pour mettre en hivernage le système, et découvrir l'envers du décor de ce luxe en montagne. Le montage et les réparations nécessitent beaucoup de débrouille, et la consommation nécessite donc beaucoup de sobriété pour respecter cette eau précieuse (et qui se fait de plus en plus rare).
Les derniers sacs sortent, les dernières plantes rentrent, et le pauvre lérot obèse va bientôt se retrouver bien seul dans sa cuisine. Les bonnes petites brioches aux pralines de Nori lui manqueront autant qu'à nous, et c'est avec déjà beaucoup de nostalgie que nous amorçons la dernière descente.
Après la descente des sacs et du matériel, celle à vélo jusqu'au camion est un bon petit kiffe sur le Sentier des Mules ou des Chèvres.
Direction le village de Bessans par une descente plus en douceur au milieu de paysages grandioses. Nous tentons de rallier l'espace ludique VTT, malgré l'absence des sentiers, emportés par une crue.
Petit pique-nique (quelques restes, "sinon ça part a la poubelle") avant de découvrir les pistes vertes, bleues et rouge de Chantelouve. Un joli sous-bois entouré de montagne, avec ses sentiers joueurs, ses montées progressives, et ses descentes ludiques. L'après-midi défile sur ce joli terrain de jeu (où il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux), et le groupe a encore assez d'énergie pour quelques exercices de stopies et manual avec parade, avant de jouer à Tetris dans le coffre pour rentrer sur Lyon.
Le coffre est a l'image de nos têtes : bien plein ! Nous ramenons autant de souvenirs que de pains et de couvertures de refuge, et rentrons en pensant déjà au prochain weekend de bénévolat.