WE Alpinisme hivernal hors des sentiers battus entre Ubaye et Queyras

Le 26.02.2024, par PierreolivierE-db8, 1 commentaire


Les conditions météo des derniers jours furent à la douceur et au beau temps. Les cascades de glace ne sont plus en conditions où celles qui sont praticables sont situées loin des parkings ce qui signifie des temps d’approche à pied conséquents.

La question qui nous hante devient de plus en plus récurrente en ces temps moribonds : allons-nous devoir annuler notre week-end à cause des conditions climatiques printanières en cette période hivernale ?

Après consultations avec les guides qui devaient nous encadrer sur ce WE Perfectionnement à la pratique de la cascade de glace, nous optons pour l’adaptation au milieu grâce à nos niveaux de pratique. Par contre cela implique de voyager lourd : matériel de ski de randonnée et matériel d’alpinisme devront faire partie du voyage.

En ce vendredi 16 février c’est avec une voiture bien chargée que nous prenons la direction des Hautes-Alpes et du Queyras pour un week-end qui s’annonce radieux.

A défaut de grimper tout le week-end sur des cascades de glace, nous ferons de l’Alpinisme hivernal, de la grimpe de couloirs enneigés, du ski de randonnée et pourquoi pas un peu de cascade si notre condition physique nous permet d’atteindre celles encore praticables.

Notre camp de base sera le gîte moulin papillon à l’Argentière-la-Bessée. C’est avec le sourire que Sébastien nous accueil une fois encore dans sa demeure haut-alpine pour partager cette fois-ci le gîte et le couvert avec des tarbais et des madrilènes. Autant dire qu’il y a des accents qui chantent et des décibels dans l’air !!

Privilège des bien vus, nous aurons une vaste chambre au deuxième étage, de quoi étaler tout notre matériel et nos affaires.

  • Samedi 17 février 2024

On quitte le gîte à 8 h 00, direction le col de Vars (2 108 m) sous un ciel azuréen. La journée s’annonce chaude et ensoleillée. Au programme : La pointe de L’Eyssina (2 837m) par le couloir de Chabrière puis course d’arête jusqu’au sommet.

 

Panorama de la crête de l’Eyssina

A 9 h 00, on laisse le parking du col derrière nous pour une approche en ski de randonnée dans un cadre idyllique : neige, soleil et pas un nuage dans le ciel. La montagne autour de nous est splendide et la course à venir a aiguisé notre appétit. Nous nous dirigeons vers la combe froide.

Une heure plus tard, nous sommes en haut du col de déjection, au pied du couloir. Il est temps de mettre les skis sur le sac, de chausser les crampons, le baudrier et sortir le piolet d’alpinisme. Nous avons 300 mètres de couloir à 40° - 45° à remonter.

Nous effectuerons cette ascension sans corde, seulement équipés d’un bâton et d’un piolet.

Nous ne sommes pas les seuls dans le couloir, nous bénéficions d’une trace de deux skieurs montés juste avant nous. La neige est profonde par endroits et bien portante à d’autres. Notre remontée s’effectue sans problème.

Nous sortons du couloir après 1 h 30 d’ascension sous une énorme corniche.

Oscar sort du couloir de Chabrières sous la corniche sommitale. Au fond à droite, on aperçoit la station de Vars

Nous profiterons alors du soleil pour notre pause déjeuner avant d’enchainer vers le sommet, encordés, par une course d’arête permettant de réviser quelques manips. Nous formons 2 cordées autonomes. Notre guide ouvre la voie en solo.

Franck en action. Course d’arête sommitale avec l’énorme corniche qui surplombe la face Nord de l’Eyssina

Le sommet est finalement atteint vers 13 h 15. Nous enchainons avec une descente à ski par le col du Crachet. Les conditions sont printanières, la neige également.

Nous fêtons la journée autour d’un rafraichissement au refuge Napoléon. Les vacances battent leur plein, il y a foule sur les sentiers enneigés et aux terrasses, Vars mérite son rang de plus grande station des Hautes Alpes.

  •  Dimanche 18 Février 2024

Aujourd’hui nous nous dirigeons vers le Pic de Château Renard (2989 m), en plein cœur du Queyras.

L’objectif est d’atteindre le sommet par le couloir du vieux renard (600 m TD inf III P4 3+ M3+).

Nous garons les voitures au parking du pont de Larianne situé en amont de Fontgillarde. Sur le trajet, des paysages magnifiques se sont enchaînés les uns après les autres. Le Queyras, ça vaut le détour !!

Il y a déjà foule au parking, les randonneurs à ski se dirigent vers le col de Longet ou le pic Traversier. De notre côté, nous sortons de la forêt en direction de notre objectif du jour par lequel nous devrions atteindre le sommet. Il nous faut une petite heure pour atteindre le haut du col de déjection. Le couloir est sous nos yeux et comporte plusieurs ressauts en glace.

 

Couloir du vieux renard bien identifiable depuis la montée

Remontée en ski de randonnée sous le couloir nord. Le couloir du vieux renard est sur la droite de la face

Nous restons en chaussures de ski de rando mais cette fois, nous chaussons les crampons de cascade de glace, le baudrier et sortons les piolets techniques. Une fois les skis sur le sac, on s’élance derrière les guides. Objectif : apprendre à grimper ce type de couloir tout en se sécurisant, que ce soit par la protection de broches à glace sur les sections glacières ou par les techniques modernes de terrain d’aventure sur les portions mixtes.

Jonathan, juste avant de s'encorder

Premier ressaut du couloir

Le couloir comporte 4 ressauts techniques et plusieurs portions à 45°. On grimpe en longueurs, la neige est profonde, notre vitesse est modérée. On sort vers 15 h 30 sur une arête cornichée magnifique qui fait jonction avec le couloir Nord. De là, on surplombe un amphithéâtre impressionnant. La neige est présente en quantité. On traverse une pente pour se retrouver à une seconde jonction.

Nous poursuivons notre voie sur environ 200 m au-dessus de ce point. On en bave, la neige se dérobe sous nos pieds, il est parfois difficile d’avancer d’un mètre tellement la neige est poudreuse. L’heure tourne, la luminosité diminue, à cette vitesse le chemin est encore long pour atteindre le sommet quand bien même il soit à portée de main.

Les guides décident de rebrousser chemin, on va tenter de sortir par le couloir Nord. Retour à la seconde jonction. On traverse prudemment l’amphithéâtre, on remonte désormais le couloir nord. Il est en meilleure condition, la neige est portante. Désormais, nous avançons en corde tendue sur 50 mètres.

On sort finalement sous le sommet, après avoir franchi une énorme corniche. Face à nous se dresse l’observatoire du Pic de Château Renard. Le paysage qui s’offre à nous est aux antipodes de ce que nous venons de traverser : des pentes douces d’alpage, nous sommes au-dessus du village de Saint-Véran.

Au sommet, à l’aplomb du village de Saint-Véran

Un guide et Oscar redescendent par le couloir nord au parking récupérer les voitures. Le reste du groupe descend par le domaine skiable à Saint-Véran où nous trinquerons tous ensemble à cette journée mémorable à l’auberge Costebelle, devant un joli feu de cheminée, face aux cascades de glace de la vallée.

  •  Lundi 19 Février 2024

 Pour notre dernier jour, nous rejoignons le village de Ceillac. Delà nous prenons la route du vallon de Cristillian. Rapidement nous nous arrêtons, la route étant fermée car enneigée. Nous poursuivons en ski de randonnée jusqu’au fond du vallon, chargés de nos chaussures d’alpinisme et de notre matériel de cascade de glace. Le soleil est de la partie ce qui rend cette approche en ski de plus d’une heure et demie plus agréable bien que longue (8 km de piste pour 400 m de dénivelée). Nous remontons le torrent jusqu’à la côte 2055 m.

L’objectif du jour tant convoité s’offre alors à nous : la cascade du bois noir. Pas de chance, il y a déjà 8 personnes à l’assaut de la belle !!

Finalement, après observation de la Coste du Glas les guides décident de faire deux cordées. La première ira à l’objectif initial alors que la seconde s’attaquera à la goulotte cascade de la Lavine de droite.

La cascade du bois noir baignée du soleil de 10 h 00. Une heure plus tard, elle sera définitivement à l’ombre pour le restant de la journée.

 Goulotte Cascade de la Lavine de droite :

La difficulté de la goulotte cascade est III/4.

Notre cordée sera seule aujourd’hui. Nous pourrons enchainer les 4 longueurs sans problème, le risque d’avalanche étant par ailleurs écarté. Nous venons de passer un super week-end à pratiquer la montagne d’une façon encore différente de nos habitudes.

A l’assaut de la Lavine de droite

Finalement on se retrouve tous à la voiture entre 16 h 10 et 16 h 30 après une descente de 8 km de piste à ski dans le vallon.

Nous ferons le debrief du week-end à Eygliers, au chaud, autour d’un verre. Tout le monde est enchanté, prêt à rempiler.


 

L'alpinisme se pratique principalement au printemps-été de mai à septembre (le rocher doit être suffisamment sec pour les courses d'arêtes... et les glaciers pas trop crevassés... et les refuges sont alors gardés); voire plus tôt en moyenne montagne.
En hiver l'alpinisme est tout de même bien présent sous forme de cascade de glace ou de goulotte-mixte.

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