Véloski en Dévoluy

Le 17.04.2025, par LudivineR-559, 2 commentaires


Après un premier week-end hivernal véloski dans le Beaufortain, version vélo de route, voici une deuxième escapade véloski printanière dans le Dévoluy, version très polyvalente : vélo de route, ski de rando, randonnée pédestre et VTT.

Les conditions n'étaient pas idéales mais suffisantes pour tenter le week-end. Malgré un abandon, les participants sont motivés. Avec un petit handicap, le co-encadrant décide de nous accompagner : il a réussi, la veille au soir, à se faire une entorse à la cheville (on néglige souvent la difficulté technique d'un trottoir lyonnais). L'enneigement fin mars est plutôt correct dans ce massif des Préalpes : on devrait passer plus de temps sur les skis qu'à pied à porter les skis. Côté météo, il est annoncé beau pour le vendredi : cela fait au moins un jour sur les trois de garanti. Nous optons pour le menu complet entrée/plat/dessert : 3 jours pour se régaler d'expériences riches et variées dans le massif du Dévoluy.

L'entrée... en matière

🚆Afin de profiter au maximum de la journée de beau temps, nous prenons le premier train pour Grenoble, à 6h16. A cette heure-là, trop facile de caser nos 6 vélos : un wagon entier nous est dédié. A la gare de Grenoble, le changement est confort, avec du temps pour prendre un café et observer la faune locale. Les vélotaf sont partout, on ne se sent pas trop étranger ici. Nous assistons même à un très beau sprint aérien et léger d'un cycliste, son vélo sur l'épaule (aussi aisément qu'un sac à main), visiblement habitué à arriver à l'arrache pour sauter dans un train. Le notre à destination de Gap est modeste avec ses deux wagons. Il part pour un trajet à l'image de ce qui nous attend : il prend de l'altitude petit à petit en serpentant à travers les collines, crêtes, lacs, gorges, tunnels et ponts avec panorama sur les balcons est du Vercors, sur le Mont Aiguille, sur la chaîne ouest du Dévoluy... Nous descendons à Veynes, à 10h20. Ces derniers instants de civilisation permettent de faire un petit ravito et de récupérer du strap pour l'entorse. Parés pour la montée du col de Festre !

🚴Le dénivelé total est modeste (600 m) mais la route est longue et la pente irrégulière. Cela reste une belle ascension. La pause déjeuner est sauvage le long du torrent bien rafraîchissant, au pied de la montagne d’Aurouze. Puis, les derniers kilomètres sont gravis pour atteindre la porte sud du Dévoluy. Le vent qui nous poussait jusque-là devient plus intense au niveau du col. Nous quittons le goudron pour une piste dans l’espoir de grappiller quelques mètres d'altitude non enneigés. Quand la pente devient trop raide et les cailloux trop gros pour rester sur le vélo, nous posons nos montures, à 1500 mètres d'altitude. Il est 14h, nous changeons de casquette (enfin plutôt de chaussures) et passons de cycliste à randonneur. Très vite, nous pouvons chausser les skis dans des langues de neige. Nous montons efficacement en direction du Chauvet, tout en observant attentivement le ciel, bien noir au sud. Avec l'altitude, le vent devient plus soutenu, et même peu sympathique. C'est le moment de redescendre. Comme prévu, la neige est bien détrempée, les escargots sont de sortis, tout heureux : à chaque virage, les skis mobilisent la surface humide et collante et des boules de neige roulent dans la pente en forme d'escargots. Le ski reste très plaisant avec une neige plutôt portante. Nous retrouvons nos vélos et redevenons cycliste. Le passage du col de Festre nous fait entrer au cœur du Dévoluy. Un peu de goudron et puis une piste à niveau nous amène directement au gîte. Nous arrivons à 17h, pile en même temps que les premières gouttes de pluie.

Le plat.... sans replat

🚴Le samedi, nous partons directement du gîte à vélo en prenant une piste forestière, c'est le premier étage alpin. Nos fidèles montures font l'affaire moyennant un réveil musculaire en fractionné : pente douce, gros raidillon, pente douce. Avec quelques cailloux, c'est du bon T1 en langue Vélo De Montagne. 200 m plus haut, le deuxième étage est atteint. C'est l'étage nival : les premières plaques de neige en forêt sont déjà là. Elles paraissent courtes alors nous poussons le vélo pour continuer à rouler sur les parties sèches. Lorsque que la neige reste visible loin jusqu'à l'horizon, nous déposons nos biclous contre un arbre et partons à ski. Nous entamons le pointillé ski/marche entre deux plaques de neige. Puis de grandes pentes apparaissent avec un beau damier vert et blanc. Nous décidons de voir la vie en blanc et cheminons sur les patchs de neige à travers les sapins en trouvant une belle ligne continue. Nous accédons ainsi au troisième étage : les arbres deviennent plus rares, la neige bien présente et les combes, crêtes et chourum du Dévoluy s'offrent à nous. Ces gouffres dans le massif calcaire se déclinent en plusieurs versions. Les plus gros, avec une belle entrée, sont notés sur la carte avec des petits noms pour certains. L'identification sur la carte permet d'éviter de tomber dedans en descendant à ski, comme le chourum Clot qui n'est pas fermé du tout. Mais certains de taille plus modeste ne sont pas indiqués et ne donnent pas du tout envie de s'approcher pour voir la profondeur du piège... Le slalom entre chourums nous emmène dans les pentes de Costebelle. Nous grimpons en surveillant les nuages, bien gris et opaques jusqu'au sol par endroit. Nous sommes épargnés mais le vent nous décoiffe en altitude. L'ascension se termine quand la surface de la neige devient une belle croûte de glace (neige qui a été douchée par la pluie nocturne et gelée au petit matin...). Plaisir du ski garanti !

⛷️Nous dévalons les 3 étages en accéléré. Quelques mètres plus bas, la neige devient printanière moelleuse et bien plus fun. Le jeu à l'arrivée dans les pins et mélèzes consiste à trouver la ligne blanche qui permet de garder les skis le plus longtemps possible, sans les abîmer. Quelques pas prudents sur tapis d'aiguilles sont néanmoins autorisés pour relier deux zones blanches. Nous retrouvons assez rapidement nos vélos, laissés en bord de chemin enneigé. C'est le moment de tester une autre version du véloski : ski en descente en faisant rouler son vélo à côté... C'est un peu plus efficace que pousser son vélo chargé dans la neige et c'est surtout très rigolo. La descente se termine en mode VTT sur chemin jusqu'au gîte. L'après-midi, nous regardons la pluie tomber derrière les vitres. C'était annoncé mais ça fait quand même mal au cœur pour la neige restante et les projets du lendemain.

Le dessert... avec chantilly

🚴Dimanche matin, contrairement aux prévisions, un soleil radieux inonde les champs blanchis pendant la nuit. Tout brille de mille feux : les montagnes sont éclatantes, la neige givrée en fond de vallée étincelante, les arbres duvetés de blanc scintillant. Même nos vélos ont leurs petits coussins de neige ! [Ndla : sans doute pas très conforme aux conseils d'entretien de chaîne dispensés par nos encadrants Vélo De Montagne préférés mais très joli !]. Nous partons du gîte le sourire jusqu'aux oreilles et même au-delà. La route panoramique nous écarquille les yeux : toute la chaîne côté est du Dévoluy jaillit en face, le plateau de Bure domine au sud et la chaîne côté ouest avec le Grand Ferrand nous tend les bras. Après une route efficace et un brin rafraichissante en fond de vallée à l'ombre en descente, nous traversons le hameau du Grand Villard et récupérons un chemin. Cette fois-ci, la cotation Vélo De Montagne s'élève, du vrai T1 avec passages T2. Une cycloskieuse découvre le VTT avec 10 kg de bagage dans du bien raide caillouteux... Cela s'appelle un apprentissage progressif. A 1500 mètres d'altitude, la pente du sentier a raison de notre petit cœur qui s'emballe. Nous posons notre vélo en haut d'un champ et opérons la transition. Nous partons skis sur sac, les 2 cm de neige n'étant pas suffisant pour le ski. Ils sont là juste pour la beauté du paysage, verdure nappée de coton blanc éclatant.

⛷️Passés les chourum Martin et chourum Dupont, le randonneur pédestre se métamorphose en skieur. Cela devient presque reposant : l'effort est familier, pas de vélo à monter, pas de skis à porter, ça glisse à grand pas... Le pied de la crête de l'Etoile est vite atteint. Nous croisons l'ombre d'un gypaète juvénile (18 mois d'après les experts autoproclamés) qui s'élève dans le ciel. Après cette pause observation de rapace, nous entamons l'ascension de la grande face suspendue, blanche immaculée. La trace est efficace, le panorama devient de plus en plus beau à chaque mètre d'altitude gagné : vue sur Roche Courbe taillée à la serpe, apparition des entrées et sorties des chourum mythiques du Grand Ferrand, aperçu du bel Obiou au loin... Le haut de la crête de l'Etoile sera notre point d'arrivée, la suite étant bien cornichée. Sans parler du ciel en damier noir et blanc qui laisse planer la menace de la pluie... Il est temps de profiter de cette belle pente pour tracer nos courbes dans de la neige de printemps sympathique : neige récente humidifiée sur fond dur. Du vrai ski plaisir avec la sensation de plonger dans la vallée. Nous redevenons randonneur pédestre quand la couche de neige devient trop fine. Cette partie est aussi très agréable. Notre descente est amortie par une belle moquette épaisse : 5 cm de neige sur un gros tapis d'herbe et de plantes en coussinet. Ça rebondit jusqu'à nos fidèles vélos. Pour la partie VTT, deux stratégies véloski co-existent : tout le chargement sur le vélo pour avoir le dos libre (excellent test vibratoire du paquetage !) ou bien skis sur sac et chaussures de ski au pied pour avoir le vélo libre, léger et réactif pour un pilotage optimal dans cette descente un peu technique. Enfin, nous revenons au goudron et à la pratique du vélo de route.

🚴Il s'agit maintenant de rentrer à la maison : courte montée au col de Festre puis grande grande descente jusqu'à Veynes. La météo nous pimente le trajet : les nuages au-dessus de Veynes sont très très noirs. Pas sûr de vouloir vraiment aller là-bas. Dans la descente, une petite grêle surgit... ah ouais, ça va être compliqué là... ah ben ça s'arrête en fait... Ouf ! On file dans les virages,  position aérodynamique pour un max de plaisir…. Arrgg de la pluie... rrrha, il va falloir s'arrêter et sortir la veste.... ah non, ça s'arrête en fait... Ouf ! Un troisième micro-épisode en fin de descente et finalement, nous passons au travers. Arrivés à Veynes, la brochette de cycloskieur dévalise la boulangerie (miraculeusement ouverte le dimanche après-midi), tel un vol d'étourneaux sur un figuier au printemps. Le multi-activités assez inédit, couplé aux péripéties météo, ça creuse ! Tout est testé : belles portions de pizza, pavé de frangipane, tropézienne généreuse, moelleux noisette gourmand... Nous arrivons à la gare 45 min avant notre train. C'est bien confort pour se réchauffer, se ravitailler, débriefer et observer à travers les grandes vitres le vrai déluge de pluie.... 

🚆A l'arrivée du train de Gap, nous misons sur deux wagons différents pour avoir plus de chance de rentrer les vélos. Le train est assez rempli mais ça passe. Sur le trajet pour Grenoble, nous élaborons différentes tactiques pour tenter un beau défi : choper le premier train pour Lyon avec 4 minutes de correspondance au lieu d'attendre 1 heure le suivant. Nous nous préparons tôt pour maximiser nos chances de réussite : les vélos suspendus sont décrochés, le sac bien sanglé sur le dos, les skis accrochés sur le sac pour garder les mains libres pour porter son vélo. Les autres voyageurs amusés et compatissant nous laissent manoeuvrer et nous positionner en premier près de la porte. La voie d'arrivée est annoncée, nous descendrons à gauche. La voie du prochain train est aussi annoncée, il va falloir passer par des escaliers. A Grenoble, il existe deux passages souterrains : l'un au milieu proche, mais avec potentiellement tous les autres passagers, l'autre éloigné au sud, mais potentiellement plus libre. Selon notre position dans les wagons, les deux stratégies sont choisies. Plein sud, un sprint à côté de son vélo est piqué jusqu'à l'escalier. Hop hop descente, hop hop montée. On peut même finir en petites foulées sur le dernier quai car en fait, il y a plein de marge... au moins 2 minutes. L'autre sous-groupe se fraye un chemin au milieu des passagers et arrive tout juste à rentrer dans le train. Tout ça pour expérimenter une nouvelle discipline : sprint à côté du vélo, avec skis sur sac et montée/descente d'escaliers…

🚀Ravis de cette belle épopée en Dévoluy avec rebondissements et, finalement, plus de ski et de soleil qu’espéré, il ne reste plus qu’à préparer le dernier week-end véloski de la saison…

Tout commence là

Un wagon 6 vélos

Cherche et trouve les 6 paires de ski

Arrivée en gare de Veynes - Dévoluy

Ascension du col de Festre

Parc à vélo, version nature

Etage nival

Sursis

Cherche et trouve les 2 skieurs

Ski jusqu'aux vélos et même au-delà

Dimanche matin, fin prêts pour aller sur le vélo !

Premiers rayons

Départ sous le soleil

Dévoluy côté est : Gicon et montagne de Faraut

Métamorphose

Garage à vélo nature

Conversion réussie !

Dévoluy blanchi

Ski plaisir

 


 

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