Charly et moi vous avions proposé de partir à la recherche de votre sauvage intérieur. Nombreux furent les retours de cafistes en demande. Nous ne pouvons pas libérer tout le monde, mais glorieux a été le chemin pour les quelques-uns que nous avons mené ce week end là en Oisans.
Rappel : plusieurs critères étaient requis pour ces WE : une course sauvage, des refuges mémorables, de la bonne humeur et des calembours.
C’est une partie de la course 58 des Cents Plus Belles des Ecrins que nous visions pour ce premier WE de traversées sauvages en Oisans.
Une partie ? Oui, Gaston voyait grand : Meije Orientale, Pavé, Gaspard. Il propose même dès sa présentation de la combiner à une traversée des arêtes de la Meije. On compte même quelques récits incluant la traversée des arêtes précédées d’une traversée du Râteau. Ça nous donne des idées pour les années qui arrivent.
Avec notre modeste programme, nous avons tout de même une belle ambition : rallier le refuge du Pavé au refuge de l’Aigle, avec un crochet possible au sommet du Pavé. C’est donc dans le sens inverse de celui que Rébuffat propose que nous planifions notre entreprise.
Quelques jours avant la dite course, nous nous coordonnons avec nos deux camarades en quête d'épanouissement - Yoann et Bastien. Le doute pointe son nez au regard d’une météo orageuse, incompatible avec une traversée.
Parti est pris de tout de même rester sur notre réservation au refuge du Pavé que nous prolongerons d'une nuit dans l'éventualité ou la traversée ne serait pas le bon choix. Nous adapterons notre programme en fonction de la météo ; les alentours du refuge sont riches en courses à la demi-journée.
Au départ de Villar d'Arène
Samedi matin, départ. Charly s’est couché tard, il était au concert de Rone à l’auditorium la veille. C’est l’occasion de partager ces moments post-covid que nous attendions depuis longtemps. On parle du concert, du spectacle donné dans l'amphithéâtre gallo-romain avec (La)Horde quelques semaines plus tôt. Ahhhh !! (sauvage, ndlr) A défaut d'être bon, ce monde d'après est moins mauvais !
Arrivés à Villar d’Arène, nous prenons le chemin du refuge du Pavé, et nous croisons Sophie, sa gardienne, en quittant le parking.
Sophie trace, les sauvages suivent
L'Alpe de Villar d'Arène
C'est un bout de route qu'on fera avec elle. Elle nous parle de ses déboires avec l'alimentation en eau du refuge. En bon cafistes, et avec l'avance qu'on a, on lui propose nos services de bricoleurs pour apporter l’eau courante au refuge.
Arrivée dans le vallon du Pavé
Arrivée au refuge du Pavé
Un peu de terrassement, installation d'une cuve. Après de multiples essais, impossible de mettre en route la pompe qui permettrait de la remplir.
Terrassement
Installation de la cuve
Malgré un amer sentiment d'inabouti, certains s'offrent une petite baignade bien méritée dans les eaux thermales protégées du lac du Pavé, suivie d’un apéro à l'amertume appréciée offert par la patronne.
Baignade raffraichissante
Point météo du samedi soir : les orages n’ont plus leur place dans les prévisions du dimanche. Des averses locales pourraient avoir lieu dans l'après-midi. C’est un gros voyant vert pour nous ; en adaptant notre course - nous ne passerons pas par le sommet du Pavé - il est possible de faire notre traversée bien avant le risque d'averse (acceptable, contrairement à l’orage).
Nous visons un réveil à 3h, une arrivée au col du Pavé à 6h au plus tard, arrivée à la brèche Casimir Gaspard pour 8h. Si nous sommes dans les temps, nous nous élancerons sur l’arête NE de la Meije Orientale, avec une arrivée à l’Aigle à 13h.
Après un dîner 3 étoiles (dessert mousse au chocolat ou tarte aux myrtilles ?) et une bonne nuit de repos, nous voilà partis pour le col du Pavé que nous rejoignons peu avant 6h.
Dans les pentes sous le Col du Pavé
Au Col du Pavé
Le premier checkpoint est bon, nous laissant nous délecter d’un lever de soleil sur les Ecrins. On franchit facilement la rimaye des pentes de neige qui donnent sur le couloir d’accès à la brèche. Le couloir est mixte avec une bonne moitié sèche. On progresse assez vite et la brèche Casimir Gaspard est relayée vers 7h30.
Accès à la brèche Casimir Gaspard
Nous prenons place sur l’arête. Le rocher est de classe “péteux-oisans-attention-à-ce-que-tu-touches-attention-pas-les-pieds-ici" sur sa première partie, et deviendra de plus en plus bon jusqu’à un excellent granit peu avant l’arête de neige de la Meije Orientale que nous rejoignons vers 10h. Les quelques parties grimpantes sont bonnes.
Les arêtes de la Meije, le Doigt de Dieu et la Meije Orientale
Pic Gaspard et Pavé
Sommet de la Meije Orientale, à côté du Doigt de Dieu
Au sommet de la Meije Orientale
Nous trainons un peu au sommet, nous sommes dans un horaire très honorable, et il ne nous reste que la descente de la Meije Orientale pour rejoindre le refuge de l’Aigle dans lequel nous prendrons une pause bien méritée peu avant midi.
Descente de la Meije Orientale
Arrivée au refuge de l'Aigle
Sur place, il y a peu de monde. Quelques guides, et Pascal, un encadrant du CAF Ile de France en goguette. La météo du lendemain s’avère incertaine. C’est plaisant de retrouver Pascal, il m’avait initié au ski de randonnée dans mes jours de jeune montagnard.
Le lendemain, nous avons prévu d'aller nous ensauvager au Doigt de Dieu. Le réveil sonne à 4h, et le temps est couvert. Un aller retour en direction de la rimaye sonnera le glas de notre entreprise ; la Meije est dans les nuages, et nous décidons de ne pas nous engager dans les 3 longueurs dans ces conditions.
Nous préférons profiter d’un lever de soleil à presque 4000 avant une descente vers le plancher des vaches.
Un dernier lever de soleil avant la descente
Cette traversée s’est avérée une belle réussite pour nous. Nous avons parcouru un itinéraire sauvage du massif, dormi dans des refuges aux caractères uniques.
Hâte de pouvoir repartir dans ces contrées bientôt !