Toujours très motivés, nous planifions notre 3ème et dernier week-end du cycle Lagopèdes Alpins. Cette fois-ci, l'idée est de continuer notre exploration du Pays des Aiguilles, mais de l'autre côté. Du côté méridional de la force.... gravitationnelle, entre le skieur lyonnais et la montagne. Nous tentons donc le mode doux en Isère avec le train puis la ligne de bus Grenoble-Briançon qui présente un réel atout : elle passe par un certain nombre de villages-départs dans les vallées de la Romanche et de la Guisane. Objectif : Villar d'Arêne pour monter au refuge du Goléon. Les bus, calés sur les TGV parisiens qui arrivent à Grenoble, n'ont pas vraiment des horaires pensés pour du ski de rando printanier. Ce n'est pas optimisé mais cela laisse quand même le temps de monter au refuge. L'idée est d'y passer deux nuits pour profiter du beau vallon suspendu entouré d'aiguilles et de revenir par un autre vallon le samedi pour finir au Chazelet. Ça, c'était sans compter la grève nationale le jour du départ [NDLA : ça s'appelle un comique de répétition]. 

Tôt le jeudi matin, nous prenons donc la voiture de Lyon pour arriver au-dessus de La Grave. Nous partons, non pour le crux de notre week-end, mais pour le Cruq des Aiguilles. Ce passage est plus long mais plus sécurisé que l'accès direct. Cela nous paraît plus prudent après les chutes de neige récentes (et en manque d'info sur les conditions nivologiques avec Météo France en grève). Grâce à une orientation maîtrisée, une première Lagopède nous conduit au col à la montée. Une deuxième nous descend au refuge, qui surgit au tout dernier moment juste en-dessous de nous. Quelques virages plongeants nous y amènent. L'après-midi permet au groupe de s'entraîner ensemble à une simulation de situation complexe d'avalanche : plusieurs victimes à secourir sans beaucoup d'info. Et cela grâce à notre co-encadrant remplaçant qui a laissé l'acteur en lui s'exprimer, jouant un témoin complètement déboussolé ayant emmené toute sa famille en ski de rando, des petits cousins à la grand-mère...

Le vendredi, nous partons dessiner notre trace sur la neige récente vers la Pointe de Salvador. Les Lagopèdes font les choix d'itinéraire tout au long du parcours. La montée finale peu technique mais un peu aérienne est l'occasion de jouer du couteau. La face est de la Pointe Salvador, complètement sèche 5 jours auparavant, présente 10 cm de neige tassée recongelée consolidée, parfaite pour monter. La vue au sommet est impressionnante : nous sommes entre les Aiguilles d'Arves et les Aiguilles de la Saussaz, entre le Mont Thabor et l'Étendard, entre les Bauges et les Écrins... Les schistes affleurant laissaient présager un début de descente toute en retenue mais il n'en est rien. La face décaillée, pile poil comme il faut, nous offre de magnifiques virages de ski de printemps. La journée étant bien belle, nous repeautons pour aller faire un peu de tourisme et jeter un œil au col Lombard, qui relie deux aiguilles : l'aiguille méridionale d'Arves et l'aiguille orientale de la Saussaz. Jusqu'au dernier moment, le doute est permis quant à l'accessibilité du col. Celui-ci est finalement complètement dégarni après le passage d'une petite congère. Nous nous plions à l'exercice de figurants pour notre deuxième artiste, notre photographe en cheffe, inspirée par le cadre majestueux.

Le troisième jour, nous partons pour la traversée insolite du week-end. Cap sur les Rochers du Vallon, pour aller au pied de l'aiguille du Goléon. Nous admirons le décor, avec les Écrins en image panoramique juste en face. Nous descendons de leur côté par un col en neige printanière et atteignons le Pasquier du Roi pour la pause déjeuner. Cap sur le Signal de la Grave avant de plonger dans le vallon de Martignare et de gérer la traversée gravitaire... Un beau choix d'itinéraire nous mène au Chazelet quasiment sans pousser, et même skis aux pieds jusqu'à la fin ou presque. Les derniers mètres de pente herbeuse seront l'occasion pour notre troisième artiste, voltigeur tout terrain, de s'exprimer en ski estival. 

Le dimanche sera une petite journée de repos/récup. Nous montons à Maison rouge pour profiter de l'éclaircie matinale avant de plus funestes épisodes (de la pluie). Le cycle de formation se clôt avec une évaluation des risques nivologiques en utilisant le Nivotest in situ. Pour cette dernière descente, notre quatrième artiste nous crée des petits itinéraires encore non tracés dans un hors-piste de petite station.

Ce cycle bien riche et formateur terminé, il est temps pour les Lagopèdes Alpins de changer de plumage... en attendant la prochaine saison.

Montée au Cruq des Aiguilles

Plongeon au refuge du Goléon

Exercice de secours en montagne

Aiguilles d'Arves, depuis la Pointe Salvador

Écrins et Aiguille du Goléon (depuis la Pointe Salvador)

Aiguille du Goléon, Aiguilles de la Saussaz et Étendard (depuis la Pointe Salvador)

Montée au col Lombard

Descente du col Lombard

Retour vers le refuge du Goléon

Traversée par les Rochers du Vallon

Les Lagopèdes Alpins

Ski très printanier