Sous ce titre un peu énigmatique (en hommage aux Wampas et à leur chanson…« mais moi quand j’écoutais les Cramps… ») se cache une reprise de saison d’alpinisme. Pour une reprise, c’est donc vers une course cotée PD inf que notre choix s’est porté.
Malgré une météo capricieuse ces derniers jours (orages sur l’ensemble du quart Sud-Est de la France), nous décidons de partir dans les Écrins et plus précisément dans le Valgaudemar à l’assaut des Rouies (3589 m).
La route d’accès au refuge du Gioberney étant fermée à cause d’un glissement de terrain, nous serons contraints de faire la course à l’ancienne c’est-à-dire à pied depuis la Chapelle-en-Valgaudemar, ce qui équivaut à rajouter 460 m de dénivelé positif et négatif à notre programme et quelques kilomètres supplémentaires de marche.
Samedi 3 juin
Notre départ de Bron est matinal : 6 h 00. Nous ne sommes pas seuls : un autre groupe du CAF de Lyon-Villeurbanne en partance pour une formation Via Ferrata s’y est également donné rendez-vous.
Vers 9 h 15 nous garons nos véhicules à 1 km en amont de La Chapelle-en-Valgaudemar à la cote 1170 m. Début des hostilités vers 9 h 45 sous un ciel chargé. Nos sacs à dos sont bien remplis, nous dormons ce soir au refuge du pigeonnier (2430 m), qui, à cette époque est non gardé. Il faut donc monter nourriture et réchauds.
Le groupe prêt à partir à l'assaut des Rouies
Nous atteignons vers 12 h 00 le refuge du Gioberney (1650 m) après avoir remonté le cours de la Séveraisse et entrevu le soleil. Pensant être seuls, nous sommes surpris de croiser un groupe de randonneurs se dirigeant également au refuge du pigeonnier. On fait vite les comptes : 9 dans chaque groupe soit 18 au refuge pour 20 places disponibles, il reste donc 2 lits…Espérons que personne ne nous ait devancé…sinon…certains dormirons par terre.
15 h 15, après 1260 m de dénivelé, les premiers arrivent au refuge. Ouf, il n’y a personne, nous dormirons tous dans un lit !!
Notre fin d’après-midi se passe à sécher sur pieds, faire la sieste, allumer le feu dans le poêle, faire chauffer de l’eau, repérer le parcours du lendemain, déguster toute une gamme de plats lyophilisés, jouer au scrabble ou regarder plus ou moins inquiets la pluie tomber.
Le groupe au refuge
Dimanche 4 juin
Courte nuit, réveil à 3 h 00. Le ciel est encore un peu menaçant mais il ne pleut plus. Une fois le petit déjeuner avalé, tout le monde s’équipe, on fait 3 cordées et à 4 h 06 départ pour les Rouies. Il fait doux, il n’y a pas eu de regel. On chausse rapidement les crampons et nous nous retrouvons vite face aux premières pentes de neige soutenues. C’est un bon exercice de progression en corde tendue à 2 m de distance. On arrive sur le glacier que nous traversons en encordement long par une brève éclaircie qui nous dévoile le sommet, avant de franchir dans le brouillard la dernière difficulté : la pente sommitale de 40°.
Sommet en vue sous une brève éclaircie
10 h 15 : sommet pour tout le monde, bravo aux plus endurants qui se sont relayés pour faire la trace dans une neige épaisse bien lourde. La voie est désormais tracée pour la saison !!
Photo souvenir au sommet des Rouies
La météo se dégrade vite, la visibilité devient presque nulle et il nous faut enchaîner 2400 m de dénivelé négatif !! Le retour au refuge du pigeonnier se fait sous des averses de neige et de pluie, alors que l’on s’enfonce plus profondément à chaque pas. La glissade n’est pas rare et demande une grande vigilance aux coéquipiers de cordée. Nous mettrons 3 heures pour atteindre le refuge.
On se change rapidement avec des affaires sèches, on refait les sacs et on se restaure un peu avant de descendre à La Chapelle-en-Valgaudemar. Il nous faudra 1 heure pour atteindre le refuge du Gioberney puis 1 h 45 supplémentaire pour retrouver les véhicules.
Le refuge du Giobernay
Le soleil qui nous a accompagnés pour cette descente laisse place brutalement à une forte pluie, nous obligeant à prendre précipitamment la route pour retrouver la capitale des Gaules.
Ce fut donc un beau week-end de reprise dans une vallée aux paysages majestueux. Nous avons su trouver les bons créneaux horaires pour bénéficier de conditions météo acceptables pour réaliser la course sur ces 2 jours.
Nous conserverons de beaux souvenirs de cette première ascension de notre saison estivale 2023. Le pari n’était pas gagné d’avance eu égard aux affres de cette météo printanière capricieuse, mais la cohésion et l’efficacité du groupe (et un peu de bienveillance de la part du ciel et de la montagne bien-sûr) ont rendu possible cette belle réussite.
Les paysages du Valgaudemar sont grandioses, il nous faudra revenir dans cette vallée nichée au cœur du Parc national des Écrins pour décrocher les autres sommets aux noms prestigieux qui ont fait rêver des générations d’alpinistes !!
Sommets du Valgaudémar