Initiation à la grimpe de couloirs enneigés dans les Hautes-Alpes
Le 01.04.2024, par PierreolivierE-db8, 1 commentaire
Pour ce weekend d’initiation d’ascensions de couloirs enneigés, nous sommes 3 : Damien, Davide et Pablo. Nous nous retrouvons vendredi pour partir aux alentours de 17h à Lyon. Direction l’Argentière La Bessée et le gîte du Moulin Papillon pour y retrouver notre guide : Sylvain. Il sera accompagné ce weekend par Olivier, un aspirant guide. La chance, deux guides pour 3, nous voilà bien entourés !
Nous arrivons au gîte vers 21h, et après un petit plat de pâtes au pesto de haute gastronomie, nous allons nous coucher.
- Samedi 23 mars 2024
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Le départ est fixé à 6h30. Nous rencontrons Sylvain et Olivier et partons pour notre première course. Direction la Tête de Gaulent. Au programme, une journée d’aventure par un itinéraire encore inconnu de nos guides avec approche en ski et alpinisme neigeux (du moins, on l’espère) ensuite.
Nous partons d’un petit parking situé sur une piste au-dessus du Ponteil, dont les ornières et la neige présentent des obstacles héroïquement franchis par la petite Ford Fiesta de Damien. Le premier crux est derrière nous.
On chausse les skis, et on part pour une remontée de 1000m à bon rythme vers le col de Val Haute. Au début en forêt, puis à travers champs, puis par des pentes de neige. La chaleur est importante en cette fin de mars !
Remontée à travers champs en évitant les crocus
Nous arrivons au col, le vent est fort, très fort même avec la baisse des températures qui s’initie et durera toute la journée.
Les skis sont alors attachés sur le dos, Damien assemble son split qui se transformera plus tard en véritable deltaplane. Nous nous encordons et chaussons les crampons (crampons d’alpi classique) et prenons notre piolet (classique lui aussi) pour traverser une petite crête principalement neigeuse mais aussi rocheuse, une première pour nous que de chausser les crampons sur du rocher !
Evolution sur la première arête, ici neigeuse
Première expérience en mixte devant de belles "gueules de baleines"
Nous évoluons vers le col au sud-ouest de la Tête de Gaulent. Sur la crête, le vent se fait soudainement rugissant, nous forçant à nous allonger. Le split de Damien fait office de voilure, il pourrait bien s’envoler !
Obligés de s’allonger sur la crête pour ne pas se faire souffler par le vent !
Nous continuons de progresser, puis enterrons les skis pour leur éviter de rejoindre la vallée par la voie des airs et nous engageons dans une brèche, un peu neigeuse mais surtout rocheuse !
Technique de l’enterrement des skis
La brèche d’entrée face à nous
Nous espérions trouver un couloir de neige à remonter derrière la brèche, mais la montagne est bien sèche en ce versant ! S'ensuit une ascension aventureuse en bifurquant sur la gauche dans du rocher interactif (quand personne ne passe, ça n’est pas bien purgé c’est sûr), plus un flocon sous nos crampons !
On notera le piolet de Damien qui aurait bien voulu se faire la malle, heureusement qu’il n’est pas tombé bien bas !
Montée à la brêche en mixte
Nous espérions trouver un couloir de neige à remonter derrière la brèche, mais la montagne est bien sèche en ce versant ! S'ensuit une ascension aventureuse en bifurquant sur la gauche dans du rocher interactif (quand personne ne passe, ça n’est pas bien purgé c’est sûr), plus un flocon sous nos crampons !
On notera le piolet de Damien qui aurait bien voulu se faire la malle, heureusement qu’il n’est pas tombé bien bas !
Il manque un peu de neige ce couloir non ?
Finalement, nous nous approchons du sommet, mais à 20m sous ce dernier et entendant le vent terrible y soufflant, nous rebroussons chemin en tirant 3 rappels de 30m pour rejoindre la brèche, puis en désescalade jusqu'aux skis.
Cette partie d’alpinisme rocheux/mixte est cotée selon les conditions du jour autour de AD selon notre guide Sylvain.
Descente jusqu'à la cabane de Tramouillon en skis dans une neige un peu transfo plutôt agréable, et des petites acrobaties par-dessus des rochers.
Retour aux voitures par le chemin de l'aller et la piste glacée, du bon ski qui fait mal aux cuissots ! Pas très plaisant en split non plus, la faute de carre n’est jamais loin. Une bonne “journée montagne” multi-activités qui nous aura fait progresser sur de nombreux terrains avec de multiples méthodes.
Une petite bière à L'Argentière, un repas au gîte et nous voilà couchés pour le lendemain.
- Dimanche 24 mars 2024
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Le départ est fixé à 7h00. Direction le Queyras pour l’ascension du couloir du “Vieux Renard” dans la face nord du Pic du château Renard.
Nous partons du Pont de Lariane, départ de classiques en ski du coin mais aussi de ski de fond. Après une remontée à travers la forêt sur 300D+, où nous discutons des conditions et des règles à respecter, nous arrivons dans le cône de déjection du couloir d’où l’on peut admirer entièrement ce qui nous attend : un couloir de 600m de D+, une longue pente à l’ombre de neige entre 40 et 45° entrecoupée de 4 ressauts de glace et de rochers. La cotation proposée du topo est TD-. De quoi nous impressionner mais aussi nous motiver !
Vue sur le couloir du vieux renard et les ressauts 2, 3 et 4
Nous nous encordons au niveau du premier ressaut de glace vers 10h. Deux cordées sont formées : Davide avec Sylvain qui mènera et posera les relais, suivis de Damien et Pablo. Olivier sera l’électron libre, prodiguant conseils de progression et ramenant le matériel à Sylvain.
Le premier et le second ressaut sont des passages en belle glace, assez raides mais pas verticaux, on apprend à poser des broches, à planter solidement les piolets et les crampons (techniques cette fois). Les relais sont faits sur un spit posé dans le couloir, mais surtout sur des friends et becquets sur un rocher pour le moins capricieux. Nous passons définitivement à l’ombre, mais il ne fait pas si froid, point de vent aujourd’hui !
Des remontées dans de belles pentes de neige à 40-45° nous permettent d’évoluer entre les passages plus techniques
Damien en leader de sa cordée vers le dernier ressaut
Le 3ème ressaut est un magnifique mur de glace dont la faiblesse se situe rive droite. Pour les deux cordées, ce sont les guides qui ouvrent ce mur.
“Le troisième ressaut est un magnifique mur de glace”
Le dernier ressaut, souvent rocheux selon le topo, est, cette fois bien glacé et nécessite un joli mouvement des pieds, exécuté plus ou moins gracieusement, mais avec beaucoup de plaisir.
Davide engage dans le 4ème ressaut sous les conseils d’Olivier
Exécuté plus ou moins gracieusement
Nous retrouvons enfin le soleil sur une crête qui nous permet, après une petite traversée, de retrouver le couloir central.
Sortie du couloir, enfin au soleil !
Belle ambiance, on se fait plaisir !
Globalement, la neige est très correcte malgré quelques passages en neige inconsistante. Le ciel bleu était avec nous tout au long de la journée, aucun aléa climatique n’est venu troubler notre progression, c’était un bon créneau ! Et dire que le weekend a failli être annulé à cause d’une météo incertaine
Nous progressons dorénavant en corde tendue, les difficultés étant derrière nous et nous aboutissons à l’observatoire du pic de Château Renard aux alentours de 14h30 avec une magnifique vue sur les massifs, dont le Viso mais aussi les Ecrins que nous ne voyons que rarement depuis cette orientation, nous pauvres lyonnais préférant les massifs du nord.
Une vue rare sur le Viso pour des Lyonnais !
La descente s’effectue via le col du Longet, le couloir Nord n’étant clairement pas en bonne condition, très gelé. La descente est un véritable régal (non), tout est tracé, gelé, on est sur vibreurs. Au moins, on peut prendre des petits cours de virages sautés sur quelques talus de neige revenue !
Retour à la voiture et nous nous mettons en route à la recherche d’un bar pouvant nous accueillir. Mais nous sommes dimanche et hors saison ! Les bars sont fermés et c’est finalement sur un parking que nous nous disons au revoir pour que chacun puisse rentrer, il nous reste encore un long moment pour rentrer à Lyon, fatigués mais heureux d’avoir vécu ces deux belles expériences qui nous seront très utiles dans la suite de nos aventures respectives ! Cela nous permet de mieux comprendre ces terrains auxquels nous n’étions pas habitués, de mieux saisir les règles de sécurité et de progression, et de se rendre compte que oui, c’est possible !
Un grand merci à nos guides Sylvain et Olivier pour leur accompagnement et conseils, et à Pierre-Olivier pour l’organisation de ce weekend à distance !