Cycle escalade en mobilité douce : vignobles et plage pour la fin de saison
Le 03.07.2023, par JacobC-2bf, 2 commentaires
Après quatre week-ends, le cycle escalade en mobilité douce s'est achevé par une semaine dans les Pyrénées orientales et dans l'Aude. Voici notre dernier compte-rendu de la saison, rendez-vous à la rentrée pour la suite !
Samedi 27 mai : le début des performances aux mots fléchés
Profitant de cette expédition de 9 jours, nous traversons cette fois-ci la France pour aller explorer le Roussillon. La pluie ayant enfin choisi de tomber sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales après de longs mois de sécheresse, nous devons revoir nos plans initiaux (Font-Romeu, Vernet-les-Bains) et descendre en altitude.
Nous partons donc de Lyon samedi matin en train et profitons d’une longue pause déjeuner à Avignon pour aller jeter un œil au Palais des Papes et faire des courses. Les chefs cuistots des premiers jours placent la barre haute, on songe à rebaptiser le cycle “escalado-pédalage & gastronomie”. S'ensuit une compétition de mots fléchés dans le deuxième train qui nous emmène en gare de Rivesaltes où nous enfourchons nos vélos pour rejoindre notre camp de base pour 4 jours : Tautavel. Nous privilégions une route secondaire avec un peu plus de dénivelé afin d’éviter la circulation. Bien nous en a pris car celle-ci est magnifique et nous offre une descente plongeante sur les gorges et les falaises. Nous devinons la silhouette du Canigou sous les nuages : pas de regret, nous sommes mieux ici qu’en haut.
Nous nous dispatchons dans deux campings différents pour ce soir-là (aléas des changements de plan au dernier moment) et terminons la journée au camion pizza du village.
Dimanche 28 mai : entre soleil ou moustiques, il faut choisir
Le dimanche matin, nous allons à pied au site « Chant de Tir » - qui porte très bien son nom à entendre les détonations autour - et nous nous échauffons tranquillement sur des voies bien équipées et gentiment cotées jusqu’à l’arrivée du soleil à 14h.
Nous migrons l’après-midi vers le secteur Carrière, ombragé et près de la rivière (vous avez dit “moustique” ?) avec quelques voies plutôt courtes mais tout aussi bien équipées. C’est une ancienne carrière de marbre, au rocher compact. Les découpes de la roche forment des réglettes parfois indispensables à la progression. Nous rentrons en fin de journée au camping profiter de la piscine.
Lundi 29 mai : et si on faisait de la mobilité douce en canoë ?
Premier faux départ : le vélo de Mathilde s’est mystérieusement dégonflé pendant la nuit. Trois coup de démonte-pneus plus tard, nous roulons jusqu’aux gorges de Gouleyrous par l’amont car un arrêté interdit l’accès aval à cause de la purge de certaines falaises. Nous doublons un groupe d’une quinzaine de randonneurs que nous allons recroiser plus tard. Après quelques kilomètres au milieu des vignes nous accédons à pied à l’entrée des gorges.
Nous longeons le cours d’eau en marchant puis hésitons lorsque les gorges deviennent trop étroites : enfiler nos baudriers ? mettre nos fesses dans l’eau et glisser sur la vase ? regretter le canoë que nous n’avons pas ?
Nous enfilons finalement nos baudriers pour accéder à une courte via ferrata bien patinée qui nous mène aux secteurs d’escalade.
Le cadre est splendide et ça se sait : nous nous retrouvons entourés de baigneurs qui ont accédé tranquillement au site… par l’aval. En ce lundi de Pentecôte, un apprenti DJ nous fait profiter de ses goûts musicaux au pied des voies. Nous croiserons même notre groupe de randonneurs du matin, tranquillement installé pour le pique-nique dans le champ de pierres fraîchement purgées.
Nous nous réjouissons tout de même de notre itinéraire, nettement plus sauvage et mémorable.
Les secteurs d’escalade s’étendent de part et d’autres des gorges avec des voies allant jusqu’à 40m, offrant un point de vue surplombant sur le Verdouble. Nous ponctuons notre journée de baignades dans la rivière avant de rentrer au camping.
Mardi 30 mai
Pour la dernière journée à Tautavel, nous partons pour le secteur l’Alzine, avec des voies accessibles pour notre groupe, mais aussi des voies pour rêver : Axe d’aile et ses variantes, dans une belle grotte à colos, mise en avant par Seb Bouin dans ses Hidden Gems.
Dès 8h30, tout le monde a enfourché son vélo, mais le scénario de la veille se reproduit : une crevaison à réparer, on commence à maîtriser.
Il fait déjà chaud en arrivant sur le site orienté sud-est. Nous nous répartissons sur de belles voies de 20 à 40m, principalement du calcaire en dalle, écailles, petites fissures.
Nous déjeunons à l’ombre de la grotte, en se disant que le 8c+ c’est pas pour tout de suite.
Vu la chaleur, nous rentrons au village pour aller visiter le Musée de la préhistoire de Tautavel. La visite est riche et intéressante malgré une muséographie vieillotte (préhistorique ?), et ça fait la transition pour la deuxième session de grimpe de la journée, maintenant que les sites sont passés à l’ombre : aux Gorges du Gouleyrous pour ceux qui veulent aussi se baigner avec moins de monde que la veille, au secteur Bosquet pour les autres, un troisième groupe privilégiant une des terrasses du village.
Le secteur Bosquet offre quelques belles voies de style varié (à gauche, une voie avec une succession de blocs athlétiques sur grosses prises entrecoupés de vires, qu’on a envie de renommer MRoc, au centre, des mono/bi doigts à grimper en finesse), et une vue panoramique sur la vallée de Tautavel. Maintenant que nous avons visité le Musée, on y imagine les homo erectus chassant les rhinocéros laineux il y a 400 000 ans, c’est encore plus vertigineux que les voies de la journée, toujours aussi bien équipées !
Mercredi 31 mai : Qui avait dit “jour de repos” ?
Le mercredi, c’est écrit jour de “repos” sur le programme.
Au menu : 63 km de vélo pour quelque 400 m de dénivelé afin de rejoindre Gruissan (la météo dans les Pyrénées ne s’étant toujours pas améliorée). Matinaux et rodés contre l’inertie de groupe, nous enfourchons nos vélos à 8h45. À 8h47 nous nous arrêtons car Clément diagnostique une roue “boursouflée”. On peaufine le diagnostic (c’est une hernie causée par un pneu trop usé), on rafistole l’intérieur avec du scotch, on répartit ses bagages et on modifie l’itinéraire pour passer par un magasin de vélo.
En route pour Rivesaltes par le même col qu’à l’aller, toujours aussi beau. La suite est moins bucolique : départementale, crevaison, zone commerciale… mais nous arrivons (avec la pluie) devant le magasin de vélo où Clément change ses deux pneus et nous nous consolons avec des pains au chocolat (Camille : “chocolatiiines !”).
Marie-Laure avait prédit “45% de marge d’erreur”. Vous trouvez ça exagéré ? Nous aussi, mais on a vite changé d’avis. Nous repartons sous une légère pluie et rejoignons la mer par une voie verte agréable, en relais dignes du Tour de France, une vingtaine de kilomètres au compteur et 70 restants. Notre incident « hernie » nous aura coûté 30km de vélo supplémentaires.
Plus tard, nous nous arrêtons au restaurant pour éviter la pluie (qui cessera évidemment quelques minutes après notre mise à l’abri). Nous sortons repus, il est déjà 15h et il reste… plus de 50km. Cela dit, ça va rouler car nous avons choisi l’Eurovélo 8 comme itinéraire. Hum. Nous découvrirons bien vite que cette « Eurovélo » est revêtue de tout sauf de goudron : terre, cailloux, racines, et même du sable presque mouvant (du moins avec un vélo de route).
T'es sûr qu'on est toujours sur l'Eurovélo 8 ?
Aucune crevaison à déplorer cependant. Nous finissons par arriver à Gruissan à 18h et filons sans transition au premier bar que nous trouvons.
Cela paraît drôlement pénible pensez-vous, mais qu’aurions nous à raconter du même trajet en voiture ? Le mauvais café de l’aire d’autoroute ? La gorge qui gratte à cause de la clim ?
Nous nous souviendrons bien mieux de cette journée à rebondissements qui laissera de bons souvenirs (et des douleurs aux épaules, dos, bras, ainsi que son lot de piqûres de moustiques, mais chut).
Jeudi 1er juin - Gruissan - 1er jour dans le massif de La Clape.
Direction Secteur de la Couleuvre. C'est parti, à vélo !
Etant bien reposés de la veille, nous débutons par un petit extra cycliste proposé par nos encadrants, pour bien débuter la journée avec une petite montée assez raide sur plusieurs km ... Ah mince, en fait, le secteur visé se situe en fait sur la belle falaise de calcaire que l'on a vu main gauche au tout début de la montée ... Demi-tour, descente, chemin dans les vignes, droit sur l'objectif !
La falaise étant orientée Sud, elle permet à cette période de l'année de grimper en début de matinée et en fin de journée. Après les jours de grimpe à Tautavel et les km cyclistes de la veille, ça réveille tout de suite les avant bras !
La journée sera donc plutôt cool avec après midi de repos à Gruissan pour les uns et manip à l'ombre pour les autres, de quoi bien maitriser la réchappe !
Secteurs explorés : Passage Cloûté, Zizi Rider, Pipistrelle ; du calcaire avec des adhérences et de belles prises en fissure. Equipement correct dans l'ensemble. Niveau des voies assez hétérogène de l'école d'escalade à de belles lignes plus difficiles (bref du 4 au 7 sur un même secteur).
Secteur Pipistrelle : accès à sécuriser par main courante car exposé.
Retour en fin de journée en vélo le long des étangs sur de belles pistes cyclables, avec une belle lumière tamisée de fin de journée sur Gruissan.
Et ... incroyable ... pas de problème de mécanique de vélo ce jour là !
Vendredi 2 juin : Escalade en bord de mer
Aujourd’hui, nous allons grimper au deuxième secteur ouvert du massif de la Clape, Crêtes de Vire. La route depuis Gruissan est agréable jusqu'à Narbonne-Plage, puis on finit en montée sur une départementale très fréquentée (15 km de vélo aller). Quelques minutes de marche nous amènent à la falaise, avec une belle vue sur le golfe du Lion. C’est un site d’hiver orienté sud-est, donc pas adapté à la saison, avec des voies courtes (8 à 17m), équipé correctement, mais les relais sont vieillissants en raison de la proximité de la mer. Hormis le paysage, le site n’est pas d’un grand intérêt.
Camille et Louis en pleine ascension, dessin de Lucie
La chaleur est assez assommante, heureusement on retrouve un peu d’ombre en fin de journée, et surtout nous sommes à la plage de Narbonne en 30 minutes depuis le pied des voies pour une glace et une baignade rafraîchissantes avant le retour à Gruissan.
Samedi 3 mai : retour à la Couleuvre
Nous retournons grimper au secteur Couleuvre. Avec l’expérience de l’avant-veille, nous partons plus tôt, nous évitons la montée (inutile) au col et nous partons directement sur les secteurs du site : début de l’escalade au frais à 9h, sûrement le record de la semaine. Celà nous permet de grimper presque 5h à l’ombre sur les secteurs Zizi Raider et Pipistrelle, où nous pouvons travailler des voies essayées le jeudi, et en découvrir de nouvelles, dont les très recommandées Pipistrelle (6a) et Papi Turf (6b) et son final sur un pilier.
Après le déjeuner à l’ombre, nous terminons par un atelier rappel sur le secteur d’initiation Etorki, aux côtés de deux grimpeurs débutants pas rassurants, venus cuire sur le rocher.
Nous terminons la journée par une baignade dans les vagues à Gruissan-Plage
Le regret de ces quelques jours à Gruissan : les secteurs de la Clape les plus fournis en voies, à quelques kilomètres de notre logement, étaient interdits d'accès. La commune de Gruissan a décidé d'y interdire l'escalade jusqu'à leur rééquipement suite à l'avis d'une société de cordistes. Les secteurs auxquels nous avons pu accèder sont situés à Narbonne et Narbonne-Plage qui n'ont pas pris la même décision.
Dimanche 4 mai : derniers mots fléchés jusqu'à Lyon
Une dernière visite avant de partir pour Jean, le plus matinal du groupe
C’est le jour du départ, nous devons rouler 15km jusqu'à Narbonne pour prendre le TER de 10h06 pour Avignon. Vu les ennuis mécaniques de la semaine, nous partons de Gruissan dès 8h. Cette fois nous avons de la chance, nous arrivons un peu avant 9h à la gare de Narbonne, et ses escaliers très raides pour accéder aux quais. Nous pouvons monter dans le train de 9h06 pour Avignon où il reste tout juste assez de place pour nos vélos, moyennant quelques rangements du wagon. La correspondance est rapide à Avignon, les vélos rentrent sans problème, nous arrivons à Lyon à 14h40. Ce n’aurait pas été aussi fluide en fin de journée, même le matin les emplacements vélo sont bien remplis sur ces lignes qui desservent de nombreux itinéraires de cyclotourisme (Canal du Midi, Via Rhôna, etc.)
Jacob, Lucie et Mathilde pour le cycle
Bilan carbone et financier des transports
En train
Aller :
Lyon - Avignon : 20,3 € le week-end avec la carte Illico Liberté
Avignon - Rivesaltes : 20 € avec un pass 2j Occitanie Rail Tour (https://www.lio-occitanie.fr/actualites/occitanie-rail-tour-le-train-en-illimite-a-10e-jour/)
Retour :
Narbonne - Avignon : 1€ avec l’offre de la région Occitanie “mes 1ers week-ends du mois à 1€”
Avignon - Lyon : 20,3 € avec le tarif Illico Liberté
Soit 61,3 € l’aller-retour en train, très abordable vu la distance. Pour bénéficier de ces tarifs, il faut passer du temps car la SNCF cache souvent les résultats TER dans les moteurs de recherche pour mettre en avant le TGV. Entre Narbonne et Lyon, on gagne 2h en TGV, mais c’est beaucoup plus cher, moins flexible et avec pas ou peu de places vélo non démontés.
Le tarif est plus élevé pour ceux qui sont arrivés ou partis plus tôt : seulement 25 % de réduction sur Lyon-Avignon en semaine, pas de billets à 1€ hors premier week-end du mois en Occitanie.
Bilan carbone (https://impactco2.fr/transport/itineraire) :
Calcul sur la base train Intercités (train sur ligne électrifiée)
Lyon - Rivesaltes 2,6 kg CO2e par personne
Narbonne - Lyon 2,5 kg CO2e par personne
Soit 5,1 kg pour l’aller-retour par personne
En voiture
Sans compter les déplacements sur place (de 0 à 30 km par jour), nous aurions fait 953 km de voiture pour Lyon - Tautavel - Gruissan - Lyon, soit 207 kg CO2e par voiture. Avec 2 voitures bien optimisées pour 9 personnes, le bilan aurait été de 46 kg CO2e et 95 € par personne (au tarif CAF à 0,35 €/km + péages)