Tous les chemins mènent au Soreiller

Le 07.10.2021, par RomainV-613, 2 commentaires


Récit du week-end glacier et assurage en mouvement du Groupe Jeunes Alpinistes du Rhône par Valentin et Gaëlle:

Après notre week-end à Chamonix en juillet pour découvrir les fondamentaux de la progression sur arête, nous nous dirigeons deux jours en Oisans pour profiter des parois autour du refuge du Soreiller. Cette fois-ci, c’est Charly - avec qui nous avions découvert l’artif – qui épaule Romain pour nous encadrer.

Nous partons vendredi soir en direction de la Cordée où nous retrouvons Guillaume, notre guide, pour finaliser le programme et la logistique des deux jours à venir. Nous avons fait le choix ce week-end de scinder l’équipe en deux pour limiter les nombres de cordées empilées les unes au-dessus des autres. Une équipe composée de Gaëlle, Anaïs et Guillaume partira avec Romain vers l’arête Est du Pic Gény. L’autre équipe sera composée de Maëlle, Adrien, Léo et Valentin : ils partiront avec Guillaume (le guide) et Charly vers le pilier Nord de la Pointe d’Amont. Rdv est donc pris au refuge du Soreiller pour le samedi soir. Nous discuterons à ce moment de la course du dimanche.

Jour 1 – Pointe d’Amont

Le réveil sonne comme une mélodie discordante dans nos oreilles. La nuit a été courte et pas spécialement réparatrice pour certains ! Qu’importe, le temps de nous préparer et nous attaquons à la frontale la remontée du vallon de la Selle dès 6h du matin. Nous avons décidé d’opter pour une variante d’attaque nous évitant le glacier, et par la même la charge piolet-crampons. Remontées de pierriers, traversée du torrent puis zig-zags dans l’ancienne moraine du glacier Est du diable, il nous faudra plus de 3h30 pour rejoindre les rochers rouges marquant le début de notre variante d’ascension malgré notre rythme soutenu.

Après quelques minutes d’escalade, nous réalisons que les conditions sont loin d’être optimales dans cette variante. Visiblement peu empruntée, l’arête est très lichéneuse et moussue, détrempée à souhait par la pluie des jours précédents. Le rocher est friable et fragile, nous purgeons des blocs de plusieurs dizaines de kilos dès la première longueur … Ces premières longueurs supposées débonnaires entameront quelque peu le mental des troupes et c’est tardivement dans la matinée que nous rejoignons le premier ressaut : l’itinéraire se révèle enfin propre et sec, un vrai soulagement !

Nous prenons grand plaisir à dérouler notre grimpe (en grosse) dans ces premières longueurs pas très dures, et nous nous efforçons d’être efficace dans nos prises de décisions et nos manipulations. C’est Léo qui ouvre la voie et cherche l’itinéraire dans toute la première partie de l’ascension. Il assure brillamment cette tâche sur au moins 300 mètres avant de laisser le lead de la première cordée à Guillaume au pied des premières longueurs de 5b, alors que la paroi se redresse franchement. Ces deux longueurs en 5 se laissent bien apprivoiser et les grimpeurs ayant fait le choix d’emporter les chaussons « au cas où » sont rassurés de voir qu’ils maitrisent ce niveau de difficulté en chaussures de montagne. Les chaussons resteront dans les sacs.

Une fois les principales difficultés techniques avalées, nous basculons sur un mode de progression en corde tendue et en « sauts de puce ». Le rythme accélère et des écarts se creusent entre les cordées. Maëlle et Valentin rejoignent Léo et Guillaume, qui commence à s’inquiéter de ne pas voir Charly et Adrien émerger des longueurs les plus techniques. Il faut dire que les ressauts et les gendarmes de notre arête / pilier ne permettent pas toujours de garder un contact visuel. Guillaume prend alors la décision de rejoindre ces deux derniers, et nous réarticulons les cordées pour la fin de l’ascension.

Grâce aux radios empruntées au club par Romain, nous gardons le contact avec les cordées engagées dans le Pic Gény. Au milieu de l’après-midi, nous leur partageons notre estimation de retard d’une heure, eux pensent être au refuge à 16h … Nous nous recontactons plus tard et annonçons une arrivée au refuge à 20h, eux se remettent tranquillement de leur journée en sirotant une bière !

Nous restons tous concentrés dans les dernières dizaines de mètre menant au collet entre la pointe d’Amont et l’Aiguille Centrale du Soreiller, le terrain est débonnaire mais très exposé, les vires sont bien aériennes. Nous nous rejoignons, les six, pour partager ensemble la magnifique traversée jusqu’à la pointe Centrale du Soreiller : le caillou est compact et solide, la progression est aisée et l’arête très aérienne. Malheureusement, les nuages accrochent les sommets alentours et nous ne voyons pas grand-chose. Globalement, il n’aura pas fait très chaud sur ce pilier, nous n’aurons pas beaucoup vu le soleil de la journée, orientation Nord et météo obligent …
Nous profitons de la descente pour découvrir une manipulation supplémentaire puis finissons la descente de la voie normale de l’Aiguille du Soreiller par un peu de désescalade ou nous nous questionnons et nous trompons quelque peu sur l’itinéraire. Guillaume vient nous remettre dans le droit chemin et nous rejoignons le pied de la face. Ce n’est qu’à ce moment, en toute fin de journée, que nous croisons de nouveau d’autres grimpeurs, n’ayant pas vu âme qui vive depuis notre départ du parking. Le caractère intimiste et sauvage de la course était décidément préservé ce jour-là !

Nous suivons le sentier de descente le long de la Dibona et arrivons enfin au refuge où nous retrouvons nos camarades, pile à temps pour le repas. Cette longue journée nous laisse bien souriant ! La course était très belle, nous avons globalement été efficaces et nous avons encore beaucoup appris sur l’assurage en mouvement.

Fatigués, nous décidons pour le lendemain de faire une course plus courte, l’arête sud de l’Aiguille Occidentale du Soreiller. Nous aurons ainsi le temps de profiter de la course sans pression et faire un debrief approfondi du week-end avant d’entamer la redescente dans la vallée.

Jour 1 – Pic Gény

Après avoir déposé le groupe visant la pointe d'Amont, nous reprenons la route jusqu'à La Bérarde, point de départ de notre course, l'arête Est du pic Gény. L'objectif du jour est bien sûr de réussir cette course, mais surtout de respecter l'horaire du topo, tout en pratiquant l'assurage en mouvement et en assurant notre sécurité. La marche d'approche commence de nuit, et les premières lueurs du jours dévoilent les magnifiques sommets nous entourant. Romain nous partage son savoir (il peut nommer tous les sommets du coin, oui oui !) et nous montre notamment la Barre des Écrins et la Meige. Merci de combler notre culture alpinistique...

Trois heures plus tard, nous sommes prêts à attaquer l'arête. Aujourd'hui, Anaïs et Gaëlle s'encordent entre filles tandis que Guillaume et Romain forment la deuxième cordée de choc ! De suite, le rocher est très beau et l'arête esthétique. La course est relativement homogène, avec quelques ressauts un peu plus grimpants, de bonnes portions en corde tendue où « ça déroule », et des passages bien aériens sur le fil de l'arête. Nous reprenons la main pour gérer les manips et progresser efficacement. Le paysage est toujours splendide, malgré les quelques nuages de passage.

Après cette belle arête de 700 mètres de dénivelé, nous arrivons bien contents au sommet ! Toujours dans les temps du topo, nous savourons quelques instants le moment avant de poursuivre avec la descente. Elle est délicate par endroit, et il faut rester concentré pour désescalader. Un dernier rappel puis nous rejoignons l'éboulis final. L'appel radio avec le reste du groupe nous apprend qu'ils auront sûrement du retard. Nous nous voyons déjà siroter une bière à la terrasse du refuge en les attendant... Après une dernière heure de marche, nous voilà arrivés !

Mission accomplie, les horaires sont respectés et la journée s'est déroulée à merveille. Petit débrief pendant la bière : chacun est content de sa journée, se sent de plus en plus à l'aise dans ce type de terrain, connaît ses points d'amélioration et continue son apprentissage. Bref, une journée réussie. Et un beau cadeau d'anniversaire pour Anaïs, 24 ans aujourd'hui !

Jour 2 – Aiguille Occidentale du Soreiller, arête Sud

Cette fois-ci, le réveil ne sonne qu’à 6h. Encore trop tôt diront certains, mais on n’a rien sans rien ! A l’inverse d’hier nous sommes nombreux à l’attaque de la voie, on compte 19 grimpeurs engagé dans le projet du jour ! Fort heureusement bon nombre s’éclipseront dans les grandes voies et autres itinéraires alentours et nous ne serons pas gênés par le trafic.

L’itinéraire étant plutôt évident à suivre, nous faisons le choix de nous entrainer à naviguer sans utiliser le topo. Nous modifions les cordées par rapport à la veille pour profiter chacun d’une différente compagnie. Guillaume a à cœur de venir challenger les décisions des grimpeurs qu’il n’avait pu voir la veille, il reste donc volant et fait des allers-retours pour nous observer : nous aurons donc tous profité de ses éclairages à un moment ou un autre.

L’arête est très jolie, la grimpe est facile et nous sommes concentrés sur nos manipulations. Nous nous efforçons d’anticiper au mieux le terrain, d’adapter notre encordement en permanence et suivre l’itinéraire le plus évident. C’est un plaisir pour nous de voir nos encadrants satisfaits de notre gestion des cordées !

Nous nous retrouvons tous au sommet sous un beau soleil et profitons d’un panorama commenté par Romain avant d’entamer la descente par l’arête Est, presque aussi longue que la montée. Guillaume nous prodigue encore quelques conseils et techniques de guide pour gagner du temps en descente puis nous rejoignons le refuge du Soreiller où nous prenons un bon moment pour débriefer nos exploits du week-end.

Nous sommes tous très contents et avons beaucoup appris ! Les cordées de la Pointe d’Amont se rendent compte que la course était ambitieuse et d’envergure et conviennent de l’importance des conditions. Les cordées Pic Gény ont déroulé leur grimpe et appliqué les techniques d’assurage en mouvement en tenant bien les horaires. Enfin cette dernière journée nous a permis de grimper sur une belle arête et appliquant les techniques vues avec moins de pression horaire.

Les débats divers et variés feront rage dans le minibus au retour, et nous repartons avec de beaux souvenirs. On a hâte de repartir !

Merci à Guillaume, Romain et Charly pour ce week-end !

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L'alpinisme se pratique principalement au printemps-été de mai à septembre (le rocher doit être suffisamment sec pour les courses d'arêtes... et les glaciers pas trop crevassés... et les refuges sont alors gardés); voire plus tôt en moyenne montagne.
En hiver l'alpinisme est tout de même bien présent sous forme de cascade de glace ou de goulotte-mixte.

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