Raid en Vanoise, les 5 plumes du Lagopède accompli

Le 30.03.2025, par LudivineR-559


Après le premier week-end (3 jours) d'éveil des Lagopèdes au Thabor, le deuxième (4 jours) de progression à travers les Cerces, voici le raid de concrétisation en Vanoise. C'est le moment de gagner les 5 plumes du Lagopède accompli. 

🪶Plume de la mobilité douce

Le mercredi, les usagers émérites des transports en commun partent explorer un nouvel accès : le massif de la Vanoise par la Haute Tarentaise. Le train pour Aix-les-Bains est à 8h08, grass mat ! Ce lever tardif permet de vivre un mercredi matin de manière assez classique, en faisant le même début de trajet à vélo que d'habitude pour aller travailler. Mais cette fois-ci, les skis sont sur le sac et le terminus est la gare Part-Dieu. Nous retrouvons un train configuration « compartiment privé pour 8 ». La correspondance à la gare d'Aix-les-Bains est facile : du temps, un rayon de soleil, le train pour Bourg-Saint-Maurice est situé au même quai, voie en face. Nous investissons l'extrémité du wagon, une zone 12 places sur mesure : 8 places conviviales en carré + 4 places pour nos skis, chaussures et sacs. S'ensuit un changement efficace de 15 min à la gare routière de Bourg-Saint-Maurice pour le bus à destination de Tignes. Nous chaussons les skis au terminus et remontons la station assez fréquentée en cette période de vacances scolaires. Chacun est perplexe face à l'autre. Les skieurs nous voient grimper tout lentement avec des sacs à dos pour 6 jours de raid. Et nous observons le flot de skieurs se laisser glisser sur de la neige industrielle, aussi fade et uniforme que du bitume d'autoroute. Nous rejoignons le col de la Leisse et retrouvons le monde de la neige sauvage. S'offre à nous une vallée luxuriante de neige immaculée, bordée de hauts sommets rocheux, agrémentée de collines, vallonnets et ponctuée de lacs. Petit repérage du décor pour les jours suivants : Grande Motte, Grande Casse, Pointe du Charbonnier, Pointe de la Sana, Pointe du Grand Pré. Nous descendons au refuge de la Leisse, par une belle traversée de zones assez plates. Certains Lagopèdes avaient hâte de se réexercer au ski de fond et donnent tout pour la plume du fondeur avec ski de rando et sac à dos... Arrivés au refuge de la Leisse, nous profitons d'un très bon chili végé préparé de manière spartiate, avec de l'eau issue de la fonte de la neige. 

🪶Plume de l'alpiniste

Le jeudi, le plan initial était une grande boucle en passant par le col de la Sana pour visiter le côté ouest et en revenant par la Pointe du Grand Pré. Mais après avoir repéré la veille l'état du manteau neigeux en crête (assez mince), en face sud (bien humidifié et pas tassé), en face nord (bien conservé et plutôt stabilisé), nous privilégions l'ubac au-dessus du refuge, direction la Pointe du Charbonnier. Après une première ascension rondement bien menée par notre guide Lagopède et ses adjoints en serpentant sur la croupe esthétique des Léchoirs du Charbonnier, nous arrivons au pied du col. C'est le moment de s'initier au ski alpinisme en chaussant les crampons et en sortant le piolet. La neige étant bien portante, le ressaut est aisément franchi. Ensuite, la crête panoramique est sillonnée jusqu'au petit sommet à 3334 m. Le temps permet même de pique-niquer là-haut et de profiter de la vue sur les géants du coin et des Alpes du sud. Nous descendons par un autre itinéraire plus skiant. Nous traçons nos courbes dans la poudre d'un premier cirque suspendu magnifique. Nous enchaînons sur un passage plus étroit et pentu, en bonne condition. Un Lagopède découvre après coup qu'il vient de skier pour la première fois de la pente raide (passage à 40°). Après cette glisse exaltante, nous avons l'option d'une petite rallonge : remonter en direction du Roc Blanc pour profiter de la bonne poudre versant nord avant de basculer le lendemain côté sud. Une Lagopède est tiraillée entre l'attrait du supplément de ski et garder de l'énergie pour les jours suivants du raid. Elle opte finalement pour continuer, quitte à s'arrêter en chemin. Même si "de toute façon, plus on monte, plus c'est absurde de faire demi-tour". Une parfaite introduction au jeu sur les biais cognitifs prévu le soir même. Au final, l'ascension s'arrêtera en peu en dessous du sommet. La visibilité se dégradant avec l'arrivée des nuages, l'analyse des pentes potentiellement ventées à l'approche des crêtes devient difficile et le plaisir du ski moins présent dans ces conditions. La descente bonus est très agréable, la neige encore bien poudreuse remplit ses promesses. De retour au refuge, le jeu des pièges de l'inconscient (créé dans le train la veille) est testé : il faut associer les citations, les biais et les parades. L'appropriation des notions est un succès. Un excellent mafé végé bien roboratif ponctue la soirée : le Lagopède est heureux et rempli.

🪶Plume du secouriste

La préparation collective la veille avait envisagé plusieurs itinéraires pour le vendredi. Le matin, au point de décision, l'équipe choisit la version courte : un aller simple au refuge suivant, dans l'objectif d'une journée de récupération active. Depuis le refuge, le supplément Géfret en aller-retour sera toujours accessible en cas d'envie. Nous atteignons donc le col de Pierre Blanche, avec un temps magnifique. Les nuages restent accrochés à quelques sommets au loin, laissant notre col baigné de lumière. Pas un brin de vent, pas âme qui vive, le lieu et le moment sont idéal pour l'exercice final d'ampleur : gérer une situation complexe d'un secours avalanche en effectif réduit. Chaque sous-groupe prépare un champ d'avalanche. Le premier trio commence le challenge : pendant que deux cherchent au DVA et à la sonde une première victime, la troisième gère un blessé aussi incohérent qu'imaginatif (une plume mention spéciale pour le jeu d'acteur puisé dans ses années d'internat et de praticien en médecine...). A peine déstabilisée, elle embraye sur la localisation et le pelletage en solo d'un sac enfoui à plus d'un mètre. Puis, elle détecte la troisième victime et est rejointe par le reste de la troupe pour terminer l'exercice. Ensuite, le deuxième sous-groupe passe à l'action. Ils auront le droit à une témoin en panique qui ne parle qu'espagnol. Tout en gérant en parallèle les "Ayuda ! Ayuda !" et les initiatives absurdes et potentiellement dangereuses de la rescapée, le trio détecte, sonde et sort efficacement les trois sacs enfouis à plus d'un mètre. Après un pique-nique bien mérité, nous reprenons les skis pour rejoindre le refuge de la Femma. Le temps se maintient, le ciel va même plutôt en s'éclaircissant. Pendant que deux Lagopèdes profitent de la terrasse crêpe au soleil, bien savourée après avoir laissé quelques plumes lors des trois pelletages, les autres décollent dans la rampe sous la Pointe du Géfret. Tout est cadeau : la trace déjà présente efficace, le temps clément, la perspective de la poudre non tracée pour le ski un bon carburant. Nous dépeautons quand les cailloux apparaissent et passons en mode attaque de la pente. Chacun à son tour s'élance dans le champ de neige, le sourire jusqu'aux oreilles. Pépite sur le banana bread, un des Lagopèdes a la chance d'apercevoir un comparse, reconnu grâce à la description préalable d'expert : "ça ressemble à quoi un Lagopède ? C'est comme un gros pigeon tout blanc et ça fait crrrrrrrrr". 

🪶Plume du naturaliste

Pour le vendredi, nous avions le choix entre un beau sommet mythique à 3400 m, la Pointe de la Sana, assez fréquentée avec une neige d'adret traffolée qui secoue les chaussettes et un parcours sauvage dans le Grand Vallon, peu couru avec quelques pentes de poudre prometteuses. L'attrait du ski sauvage l'emporte sur la perspective du sommet. L'itinéraire dépasse nos attentes, la neige immaculée s'ouvre à nous, la Lagopède de tête trace sa ligne. Assez vite en balcon, nous ne savons même plus où regarder : l'environnement proche tellement féérique ou le lointain avec tous les glaciers de la Vanoise... Dans une ambiance très contemplative, le lapin blanc apparaît : un lièvre variable joue à cache-cache derrière un rocher. Il tente de se camoufler, posé sur un tas de neige, mais il a oublié que ses oreilles n'étaient pas totalement blanches ! Nous profitons du spectacle un moment avant de repartir dans notre exploration de la poudre sauvage sur le plateau du Turc. Le col du Grand Vallon étant pas mal dégarni, nous changeons d'objectif pour un petit sommet sans nom mais avec vue, à 3094 m. Le pique-nique en face de la Dent Parachée lui donnant des idées, un Lagopède laisse tomber comme par hasard son paquet de biscuits pour justifier une petite désescalade/escalade en mixte neige rocher. Ensuite, nous descendons retrouver les belles pentes intactes repérées à la montée : pur bonheur de s'élancer dans la poudre légère et rebondissante. Pour rejoindre le ruisseau de Fontabert, notre ouvreuse trace une ligne droite dans l'immensité blanche. Nous l'observons partir au loin, tout autant pour contempler cette quiétude sauvage que pour voir s'il faut prendre plus d'élan ou choisir un meilleur itinéraire. Alors que nous rejoignons le vallon de la Rocheure, notre chemin de retour qui remonte au refuge, trois chamois apparaissent en face. C'est cadeau. Satisfait de ce choix pour la journée, la fine équipe prépare la journée du lendemain, à savoir le transfert vers le refuge du Fond des Fours avec option retour à domicile selon la météo. Comment sait-on que le groupe est devenu autonome et que l'objectif du cycle a été atteint ? C'est quand les participants préparent soigneusement la course du lendemain (schéma à l'échelle) pendant que les encadrants s'affrontent joyeusement à coup de tortue, carotte, glaçon, toile d'araignée et ampoule (ils jouent, discrètement bien sûr, au Dobble). [Ndla : dans un autre cycle Progression de ski de randonnée très autonome dont nous tairons le nom, les encadrants homonymes sont même allés au spa pendant que leur groupe préparait...]

🪶Plume du guide

Le dimanche, la météo annoncée n'était pas vraiment au beau fixe : un vent du sud entre 45 km/h et 70 km/h devait souffler à 3000 m d'altitude amenant une perturbation musclée... Bref, le combo vent fort, neige, pas de visibilité et risque potentiel de plaques à vent n'est pas vraiment idéal pour passer un col. Grâce à une préparation précise, un départ tôt et un vallon à l'abri du vent pour monter au col du Pisset, la volée de Lagopèdes conduit très efficacement les encadrants. Les choix d'orientation sont habilement opérés, le soin du collectif est là, tant pour le rythme que pour les besoins basiques de nutrition et conservation de la chaleur. Les conditions sont finalement loin d'être dantesques au passage du col légèrement abrité du sud. Nous dépeautons et glissons dans le vallon des Fours, poussés par le vent dans le dos. Nous croisons d'autres skieurs qui font la traversée inverse, luttant contre les éléments... On ne les envie pas ! Nous faisons une pause au refuge du Fond des Fours pour manger un bout et décider de la suite. Vu la perturbation annoncée, le vent intense et les 5 jours bien remplis, nous optons pour rentrer directement et terminer notre raid. Cette réduction du séjour entraîne un programme intense pour le trajet du retour pour ne rien amputer au cycle de son contenu pédagogique. Grâce à une navette de la station de Val d'Isère pour la gare routière (avec de l'eau chaude !), nous montons dans le bus pour Bourg-Saint-Maurice. Au menu, débriefing de la journée, validation du niveau Initié en ski de randonnée (les plumes du Lagopède ne sont pas encore reconnues au niveau de la fédé) et petit jeu vrai/faux sur les idées reçues de la nivologie. Ensuite, après une pause ravitaillement à la coopérative de beaufort, nous nous installons dans notre bout de wagon 12 places, dans le train direct pour Lyon. S'enchaînent alors le débrief du cycle complet, un jeu de rôle sur les biais cognitifs avec une manche mime, nouveauté 2025 (cela donnera des scènes d'escalade cocasses sur les racks à bagages...), un jeu pour reconnaître les types de grains de neige et un débrief individuel. Le trajet est presque un peu court, le dernier débrief est réalisé à Lyon, train à quai, alors que les autres Lagopèdes déchargent toutes nos affaires (ski, sac et chaussures). Encore un beau travail d'équipe qui résume bien nos aventures !

Merci aux Lagopèdes 2025 : 🪶Claudie, 🪶Félix, 🪶Gaspard, 🪶Laia, 🪶Sophie et 🪶Yann. [Co-encadrant et encadrante : Martin et Ludivine].

Correspondance à Aix-les-Bains

Fin prêts pour le raid

Ascension du Charbonnier

Dent Parachée sur fond Ecrins

Vers le col de Pierre Blanche

Exercice de secours

Bonus Géfret

Préparation du Grand Vallon sauvage

Cherche et trouve le lièvre variable

Des Lagopèdes heureux

Retour entre ciel et neige

Correspondance utile


 

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