Deux jours deux ambiance en Belledonne

Le 02.12.2021, par RomainV-613


Il y a quelques semaines, nous avons profité d’un beau week-end automnal pour perfectionner notre apprentissage de l’assurage en mouvement sur deux courses d’arêtes rocheuses en Belledonne. Si on devait résumer ce week-end, on citerait une réflexion partagée le dimanche par quelqu’un du groupe (dont on va préserver l’anonymat…) : “J’aurais dû me douter que si hier c’était les vacances, aujourd’hui ce serait la pénitence !”. En effet, c’était un week-end plutôt varié : deux jours, deux ambiances.


Samedi, départ de Lyon à 6h, autant vous dire que ça roupille fort dans le minibus. Notre infatigable encadrant nous mène à bon port, au parking de Pré Raymond. De là commence la marche d’approche vers le Refuge de la Pra. Nous avons décidé d’y faire le détour pour poser nos affaires pour la nuit et surtout réserver des lits. Cela s'avérera être une excellente stratégie, vu le nombre de personnes présentes le soir, et qui dormiront par terre… Bien vu Romain ! Les sacs sont donc assez lourds mais les discussions de bon train font passer la marche d’approche rapidement. Nous découvrons le lac du Crozet sous les premiers rayons de soleil, magnifique ! Savez-vous qu’il se nomme ainsi car les soirs de pleine lune, il suffit de verser un peu de fromage dedans pour le voir se transformer en croziflette géante :) Arrivé.e.s au refuge de la Pra, nous refaisons nos sacs, réfléchissons à prendre ou non les crampons/piolets (il a déjà neigé pas très haut !) et grignotons un bout sur la terrasse au soleil.

Nous sommes fin prêt.e.s vers 11h. Notre objectif du jour est la traversée des arêtes des Dents du Loup. Depuis le refuge, nous faisons donc demi-tour jusqu’au lac du Crozet (toujours pas de signe de croziflette), pour rejoindre l’attaque de l’arête côté nord. Nous serons au soleil la majorité du temps et le niveau technique de la course ne nous semble pas très difficile. Le crux de la course est la montée à la Jumelle, et ça nous fait plaisir de grimper un peu plus ! Bien que chacun.e reste concentré.e sur ses protections et sa gestion de la corde, l’ambiance est détendue, preuve que nous avons bien progressé sur l’assurage en mouvement. Nous finissons la traversée en moins de trois heures. La descente n’est pas de tout repos, entre des pentes herbeuses glissantes et du pierrier roulant. Une fois le chemin rejoint, nous remontons au col de la Pra pour la deuxième fois de la journée déjà, afin de retourner au refuge.

Le refuge est blindé ! Tous les lits sont pris et les randonneurs ne cessent d’arriver. Heureusement que nous avions prévu le coup. Petit apéro sur la terrasse ensoleillée, nous continuons dans l’ambiance relax de la journée, sans se douter une seule seconde de ce qui nous attend le lendemain. Dès que le soleil se cache, le froid nous fait rentrer dans le refuge. Nous mangeons donc notre repas du soir à l’intérieur, et il faut bien l’avouer, ce ne sera pas notre plus grande réussite culinaire (on ne recommande pas trop les pâtes trop cuites avec trop de sauce trop poivrée...). Mais il faut bien reprendre des forces pour le lendemain. D’ailleurs, l’appel du lit ne tarde pas.


Dimanche, réveil 5h30. Les personnes qui dormaient par terre dans la salle à manger se déplacent dans nos lits pour finir leur nuit et pour que nous ayons la place de déjeuner. Cette fois-ci, le choix du p’tit dej’, pain et crème de marron, est bien mieux réussi. Nous partons à la frontale, refaire le bout de chemin vers le lac du Crozet que nous commençons à bien connaître. Pour ne pas faire un détodont on varefuge une nouvelle fois en descendant, nous partons avec toutes nos affaires mais nous cachons celles dont nous n’avons pas besoin pour la journée derrière des rochers sur le chemin. Pendant la marche d’approche, le lever du jour sur les Dents du Loup de la veille et sur la massif de la Chartreuse de l’autre côté de la vallée est splendide ! Nous nous dirigeons vers les arêtes Nord de la Petite puis de la Grande Lance de Domène. Nous passons le col du Loup et redescendons dans la neige et le froid. Le début des hostilités commence…

A l’attaque de l’arête, il faut se réchauffer, apprendre à grimper avec les gants, à poser les protections avec les gants, et à composer avec la neige et le cailloux instable typique de Belledonne. Les nerfs commencent donc à être entamés. Grosse frayeur et petit bobo après le décrochement d’un gros bloc… (Heureusement, les autres cordées n’étaient pas dans l’axe en-dessous.) C’en est trop, on entend un cri dans l’équipe et la fameuse phrase : “J’aurais dû me douter que si hier c’était les vacances, aujourd’hui ce serait la pénitence !”. Mais en montagne, il faut savoir se ressaisir rapidement, prendre sur soi et continuer à avancer. Il faut aussi arriver à dire qu’on n’est pas dans notre assiette, que c’est trop dur mentalement et qu’on souhaite rester en second pour pouvoir terminer la course. Nous finissons par arriver en haut de la Petite Lance de Domène. Nous remanions les cordées pour que ce soit plus équilibré avant de continuer pour la Grande Lance de Domène.

Alors que pendant la première partie, le temps passait rapidement sans que nous ayons l’impression d’avancer, le rythme augmente sur la Grande Lance, qui est plus facile techniquement. La pression retombe également peu à peu. A la fin, chaque cordée trace son chemin. Maëlle la grimpeuse cherche la difficulté : "Ça passe dans le raide, ça protège bien !”. Romain le sage contourne la difficulté et arrive en haut en deux temps trois mouvements. Quant à Valentin l’aventurier, il se laisse tenter par une pente neigeuse. Nous retrouvons le soleil au sommet, et le sourire sur tous les visages.

Parce que nous ne sommes pas là pour plaisanter, nous avions choisi de ne pas descendre par le sentier mais par l’arête Ouest et le Pic du Loup. L’arête est cotée facile mais la concentration reste de mise. Après de nouvelles pentes herbeuses et du pierrier, nous sommes bien content.e.s de retrouver le sentier. Nous repassons chercher nos affaires cachées et c’est le retour vers le minibus. A 17h30, c’est-à-dire après une bonne journée de dix heures, nous arrivons au parking. Le débrief est essentiel, surtout après une course comme celle d’aujourd’hui, pour que chacun.e puisse exprimer ses ressentis.

En somme, c’était encore un beau weekend, rudement mené par l'équipe ! Notre progression est indéniable, et les apprentissages à chaque sortie restent nombreux. Nous sommes visiblement passés de l’été à l’hiver et la nouvelle saison s’annonce bonne !
Une pensée à notre cher Adrien qui n'a pas pu être présent. Un grand merci à Charly et Romain pour leur encadrement !

Gaëlle, pour l’équipe promotion jeunes alpinisme du Rhône

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L'alpinisme se pratique principalement au printemps-été de mai à septembre (le rocher doit être suffisamment sec pour les courses d'arêtes... et les glaciers pas trop crevassés... et les refuges sont alors gardés); voire plus tôt en moyenne montagne.
En hiver l'alpinisme est tout de même bien présent sous forme de cascade de glace ou de goulotte-mixte.

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